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27 Juil
2021
l’Hôtel de la Marine, splendeur de la monarchie !

Quintessence de la beauté et du rayonnement de l’Art en France au XVIII e siècle, l’hôtel de la Marine renait après quatre ans de travaux magnifiques et soignés. Une occasion de découvrir un monument splendide ou la magnificence des pièces en enfilade le dispute à la somptuosité des meubles. Oui, la monarchie française se révèle ici dans tout son faste. photos fournies par le CMN

Le saviez-vous, il se faisait au XVIII e siècle, comme aujourd’hui, des concours d’architecture pour faire émerger les meilleurs architectes pour la plus grande gloire du roi. Et l’actuelle place de la Concorde n’échappa pas à la règle. Le roi Louis XV cédant un emplacement aux abords du jardin des Tuileries, examina dix-neuf projets d’aménagement sans qu’aucun ne le satisfasse. Après cinq ans de discussion, c’est Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du Roi qui effectua une synthèse des différents projets pour créer les plans définitifs de la future place Louis XV. Une statue du Roi le représentant à la romaine, c’est à dire sans selle et sans étriers, sera placée au centre de la place formée de jardins en fossés secs bordés de balustrades. Au sud de la place, la Seine, au nord, deux palais jumeaux aux façades classiques monumentales de part et d’autre de la rue Royale, à l’ouest,  la place s’ouvre sur les Champs- Elysées et le cour de la Reine.

Après la Révolution française, la place s’appellera place de la Révolution puis à partir de 1795, place de la Concorde.

Et s’installa le Garde-Meuble de la Couronne

Mais quelle destination auront donc ces deux palais monumentaux de part et d’autre de la rue Royale ? En 1765, on décidera d’installer le Garde-Meuble royal, une institution, ancêtre du Mobilier national, chargée du mobilier du roi, dans le palais le plus à l’est, l’actuel Hôtel de la  Marine. C’est Pierre-Elisabeth de Fontanieu, intendant à la tête du Garde-Meuble qui organisera son administration : ateliers, lieux de stockage, appartements de fonction, chapelle… Il occupera le palais, suivi ensuite de Marc-Antoine de Ville d’Avray. Les deux intendants y resteront 25 ans, au total.

La Révolution française fracasse tout

Evidemment, ce symbole de l’administration et du faste royal, l’existence même du Garde-Meuble était menacée. Deux événements marquent l’histoire du lieu.

Le 13 juillet 1789, les révolutionnaires s’emparent des armes placées dans la salle d’armes, le lendemain, ils iront chercher des munitions à la Bastille. Et le 16 septembre 1792, a lieu le vol des bijoux de la Couronne à l’hôtel de la Marine. Une quarantaine d’individus pénètrent dans le salon où sont exposés les bijoux, les dérobent pour prés de 30 millions de francs.

photos fournies par le CMN

 

Et le Garde-Meuble royal devint ministère de la Marine

Au début de la Révolution, alors que Louis XVI quitte Versailles pour Paris, toutes les administrations de l’Etat arrivent donc à la capitale. Mais où les installer ? Le ministère de la Marine intègre alors le deuxième étage du Garde-Meuble, à sa tête le comte de la Luzerne et Jean-Baptiste Berthier. Au bout d’une dizaine d’année, cette administration occupera tout le bâtiment qui porte désormais le nom d’Hôtel de la Marine. Jusqu’en 2015, date à la quelle on envisagera l’avenir de ce magnifique palais.

Et le Garde-Meuble ?

Symbole de l’Ancien Régime, cette institution très marquée sera purement et simplement supprimée lors de la Révolution. Une partie des meubles et objets d’art est vendue aux enchères ou détruit.

photos fournies par le CMN

Que devient le Garde-Meuble ?

           En 1800, cette noble administration est recréée sous le nom de Garde-Meuble des Consuls. Elle deviendra ensuite Mobilier impérial pour devenir finalement Mobilier national en 1870. Du bureau du chef d’État-Major à la galerie des grandes préfectures de Marine françaises, la Marine va évoluer en fonction de ses besoins : division des espaces pour augmenter la taille des bureaux, aménagements liés aux évolutions technologiques des XIXe et XXe siècles (électricité, téléphone, ascenseurs…) mais aussi décors comme les portraits des grands marins.

photos fournies par le CMN

Ce que vous admirerez

Cet hôtel a été conçu pour accueillir les meubles royaux mais aussi pour vivre au milieu de la société aristocratique. Il faut donc particulièrement soigner l’architecture et le décor des pièces de réception. Comme dans toute bonne maison du XVIII e siècle, il s’agit de recevoir ses hôtes à la hauteur de leur rang et les détails des dorures, peintures, agréments variés…en sont la preuve. La maitresse de maison tient salon et accueille intellectuels et membres de la noblesse.

La circulation entre les différents appartements d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle se fait sur un axe vertical, ce qui donne un rôle central à l’escalier monumental  qui dessert l’ensemble du bâtiment.

L’escalier permet aussi d’accéder aux galeries d’exposition du lieu qui se trouvent au premier étage sur la façade donnant sur la place de la Concorde : salle d’armes, galerie des grands meubles (étoffes et tentures), salle des Bijoux, galerie des Bronzes. Ces pièces, à l’origine, servaient à présenter les collections royales aux visiteurs français et étrangers. Chacun y admirait à l’envi, l’excellence des arts décoratifs à la française et la puissance de la monarchie. Ces espaces ont été convertis par la Marine, au XIXe siècle en salons d’apparats.

La grande galerie, scindée en deux, accueillit de fastueuses réceptions tout au long des XIXe et Xxe siècles , tels que bals, sacres de Napoléon et Charles X…

Salon d'honneur, décor du plafond au-dessus de la glace sans fond

Salon d’honneur, décor du plafond au-dessus de la glace sans fond © Jean-Pierre Delagarde

Ces pièces sont celles qui ont gardé le plus de traces du passage de la Marine, dans le bâtiment. On retrouve, par exemple, dans le salon d’honneur, des décors fastueux liés à la Marine, mais également dans l’ancienne salle d’armes du Garde-Meuble royal transformée en salle à manger d’honneur ou dans le salon diplomatique. La décoration des salons d’honneur et de réception, réalisée à partir de 1843, marque l’appropriation des lieux par la Marine. Sur les murs des portraits d’amiraux de l’Ancien Régime : Tourville, vice-amiral de Louis XIV, Jean Bart, corsaire issu d’une famille de marins renommés, Duguay-Trouin corsaire malouin au quatre-vingts combats et abordages et Duquesne, lieutenant-général des armées navales de Louis XIV.

Toujours conservé aujourd’hui, le bureau du chef d’Etat-major de la Marne, est le symbole de l’installation de la Marine dans le bâtiment. Pendant plus de deux siècles, c’est entre ces murs qu’ont été prises les plus grandes décisions de la Marine française, quels que soient les époques et les régimes politiques.
Hôtel de la Marine, place de la Concorde.

Crédit photos :

Agence Moatti-Rivière.  The Al Thani Collection.  CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet,  Christie’s Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux.  Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux.  Sylvie Lelandais / Centre des monuments nationaux / d’après les plans de l’Agence 2BDM, Architectes, Christophe Bottineau, ACMH, 2020. Hervé Lewandowski / Centre des monuments nationaux.
Hélène Peter / Centre des monuments nationaux.
Didier Plowy / Centre des monuments nationaux.  Ambroise Tézenas / Centre des monuments nationaux.
Nicolas Trouillard / Centre des monuments nationaux.
Morning.

Ouvert tous les jours, à partir de 13 *, gratuit pour les moins de 18 ans.

Lundi, mardi, mercredi, jeudi, samedi et dimanche de 10h30 à 19h (fermeture de la billetterie à 18h15).

Le vendredi à partir de 10h30. Nocturne jusqu’à 22h.

Les visites de l’Hôtel de la Marine sont accessibles tous les vendredis soir jusqu’à 22h (fermeture de la billetterie à 21h15).

Rendez-vous sur http://www.lecmn.fr/hdm


photos fournies par le CMN











17 Mar
2020
T’es toi ! À la Huchette

     Elle est ravissante, a le verbe haut mais aussi les nuances, Eva Rami nous enchante à la Huchette, spectacle à voir incessamment ! Enfin, dés qu’on pourra…       Une araignée géante avance sur la scène, une jeune-fille en sort, laissant les oripeaux de l’insecte sur place. Ainsi commence l’histoire d’une demoiselle fana de théâtre qui va réussir malgré tout ! Malgré un père gouailleur à l’accent de Nice, une mère fumeuse un peu à l’ouest mais grâce à une grand mère qui la soutient et l’aime. Et surtout grâce à sa volonté, son travail et un brin de chance !

         La palette du jeu de l’actrice est étendue et multi-facettes ! Elle virevolte, parle avec l’accent, roule des yeux, prend le public à témoin, crie parfois, susurre à d’autres moments, meut son corps en tous sens, grimace et pleure, quand elle ne rit pas …Bref, une comédienne aboutie qui sait rendre la pièce émouvante, drôle ou triste parfois.
Le spectateur en est tout secoué, bousculé, peine à suivre cette tornade qui suit son idée. Car, le fil de l’histoire est simple, le traitement plus subtil : une jeune fille habitée par son désir de devenir actrice qui essuie nombre de difficultés chez les siens, chez les professeurs, chez les metteurs en scène…Et, elle réussira car elle à la niaque et veut être libre.

        Eva Rami, seule en scène, est brillante et magnifique ! T’ES TOI, écrit par elle, mis en scène par Marc Ernotte, non seulement nous interroge et nous ravit, mais suscite chez nous le désir de réussir aussi, par entrainement.
Pari tenu, qui dit mieux ! Allez-y…

T’es toi ! Théâtre de la Huchette, De et avec Eva Rami, du mardi au samedi à 21h, reservation@theatre-huchette.com

3 Fév
2020
La mégère adoucie !


photo Marion Duhamel

Elle aboie, vitupère, hurle, menace, roule des yeux méchants..la mégère est indomptable et son père bien désespéré de ne la point marier ! Suspense.

Allez vite au théâtre assister à l’heureuse issue.

Scène dépouillée marquée de quelques bancs, linge blanc qui pend, on s’imagine dehors sans trop savoir. Deux individus discutent à propos de deux sœurs, une charmante Bianca et une furie Catarina…

photo Marion Duhamel

La pièce de William Shakespeare, mise en scène et adaptée par Frédérique Lazarini, nous plonge dans les années cinquante autour d’un cinéma ambulant en Italie.

Et on prend goût à cette alternance de scènes entre les acteurs devant nous et d’intervalles sur la toile, en noir et blanc. Un rythme qui dynamise la pièce, nous tient en haleine.

Le grand dramaturge passionné par l’Italie, vive Roméo et Juliette !, nous dévoile les désirs d’une femme aux aspirations résolument moderne qui entend bien vivre à sa guise, d’une libre parole, sans contrainte ni mari pesant sur le dos.

 

Elle est rattrapée par son époque et quand un galant se présente, le père ne peut qu’accepter avec grande joie, le mariage de sa terrible fille. Issue inespérée !

Et par la fine connaissance psychologique de Shakespeare, la belle héroïne va demander grâce à son mari ! Aux spectateurs de découvrir par quel miracle ?

Quand à la soeur, par un changement d’état, pour finir prévisible, la douce Bianca, elle, se lasse de son calme et gentil époux et devient incertaine et morose.

Ah les mystères du cœur féminin !

Entre cris et rage, baisers torrides et discussions, on se plait à rire et à se laisser distraire par cette comédie originale dans son traitement, mordante, haute en couleurs. Les comédiens, mené par Petruchio alias Cédric Colas et Catarina ou Sarah Biasini sont excellents, servis avec talent par le père, la sœur et les autres comédiens.

Vraiment un bon moment passé grâce à une pièce plaisante dans le fond comme dans la forme !

photo Marion Duhamel

La mégère apprivoisée, de William Shakespeare, Artistic Théâtre, plus d’infos : www.artistictheatre.com

Crédit photos: photo Marion Duhamel