Tourisme & Gastronomie (voyage, Hotels, vins, restos…)

6 Nov
2023
Sur le Chemin du bienheureux Urbain V, pape d’Avignon au XIV e siècle.


C’est un Chemin époustouflant qui serpente entre ciel et terre, avec ces hauts et ces bas, comme la vie qui va. De Nasbinals dans l’Aubrac à Avignon, il nous retrace par les villages, les maisons, les chapelles, l’existence de Guillaume de Grimoard, devenu l’avant-dernier pape d’Avignon, prêtre et pape peu connu mais au rayonnement universel.

Cet été, un article dans famille Chrétienne nous avait alerté sur un pèlerinage bien tentant crée par l’association Les amis du bienheureux pape Urbain V. Son parcours mis au point par Jean-Paul Peytavin décrivait une magnifique marche sur le GR 65, le long de ces 329 km à travers le plateau de l’Aubrac, la vallée du Lot, les Causses, le mont Lozère, les Cévennes..jusqu’à Avignon en passant par Uzès.

Et nous voilà partie.

               Nasbinals, première étape, au croisement du Chemin de saint Jacques de Compostelle. Petite prière dans l’église Sainte-Marie pour confier notre Chemin à la Sainte Vierge. Magnifique édifice en granit de 1074 constitué d’un clocher octogonale, une voûte en ogive, fleuron majeur de l’art roman en Aubrac.

                  Le lendemain, premiers pas sur le Chemin, assez plat, bordé de petits murs de pierres. Suivie de prés par ces vaches de variété Aubrac, fierté des Lozariens, aux cornes en forme de lyre, au pelage blond, aux yeux cernés de noir. Douces montées, vent balayant la Margeride, paysages dégagés, croisé quelques chasseurs d’image, quelques chasseurs de palombe…

              Joli gite isolé, sur la Chemin un petit café m’attend sans doute sur place, me dis-je ?
Je frappe entendant voix et rires, j’entre, une douzaine d’adultes et d’enfants me regardent, interloqués ! Ils ont réservé tout le gite pour le week-end et j’arrive bien innocemment. Grande gentillesse de ces amis rassemblés qui a mes explications de pèlerine sur le Chemin de saint Urbain V, me serve bien volontiers un café chaud et revigorant !

Eglise du Monastier

        Et l’on arrive au Monastier dans un gite tenu par une famille très accueillante. Dans l’église Saint-Sauveur, magnifique de simplicité, niché au coeur de ce village de maisons en pierre du XI, XII et XIIIe siècle, Guillaume de Grimoard fut ordonné prêtre, il était le neveu du prieur. En 1366, alors devenu pape Urbain V, il revint restaurer cette église et le cloitre. Il ajouta une tour de défense dont il reste quelques vestiges. Ce saint pape offrit un grand nombre de reliques à l’église, la rendant attirante pour de nombreux pèlerins qui offraient des dons généreux.

Vue de mon gite

   Vers Mende

                          De bon matin, le lendemain, départ vers Mende. Et la, le Chemin devient aride tant les montées et les descentes se font raide. On marche courbée sous le poids du sac et chaque pas tire sur les muscles. Très vite, la chemise se mouille sous l’effort et l’anorak itou. On chemine sans arrêt, juste un instant pour boire quelques gorgées d’eau. Loin du monde, pas une âme, je médite sur la solitude, ici par moi choisie. Le paysage devient sauvage, immense vue dégagée en hauteur ou dans la forêt, caché sous la feuillée. Le soleil brille mais descend peu à peu, les heures s’égrainent et enfin, la cathédrale de Mende apparait sur la gauche dans le bas de la vallée, encore loin. Parce que je suis indisciplinée et toujours pressée, sur les conseils d’un charmant cycliste, je vais couper à travers bois, par une fragile sente qui m’ouvre un petit passage entre broussailles, taillis et végétation envahissante, je rêve d’arriver vite, mon compteur de pas marque plus de 30 km. Enfin, la ville de Mende, le Chemin longe le Lot avec ces ponts. Vite, l’hôtel, la douche chaude et un steak frites !

Une cathédrale voulue par le bienheureux pape Urbain V

                  La cathédrale Saint-Privat, forte de ses 241 marches vers le clocher, est un phare qui éclaire toute la ville nichée à ses pieds Elle possédait la plus grosse cloche et la plus sonore de toute la Chrétienté, avant d’être détruite par les guerres de religions. En 1366, alors qu’Urbain V est encore pape 4 ans, il meurt en 1370, il décide de rebâtir la cathédrale d’après un plan ambitieux. Hélas un incendie empêche le projet d’aboutir et le pape ne verra jamais sa cathédrale. De style gothique flamboyant, le monument possède deux clochers de deux tailles différentes, 65 mètres pour l’un et 84 mètres pour le second. Sur la place devant la cathédrale, une belle statue d’Urbain V attire le regard.

Et ce fut le troisième jour !

On quitte Mende en passant devant la spectaculaire cathédrale, le temps de discuter 5 minutes avec un passant venu ici avec son fiston pour lui faire repasser son permis de conduire loupé. «  A Mende, explique t’il tout réjoui, on peut le repasser quelques jours après le rendez-vous, dans notre coin de Lyon, impossible avant plusieurs mois ! Ces considérations loin des miennes pour l’heure, j’emprunte la rue saint Ilpide qui me conduit vers le chemin de Croix, en passant par un Ermitage ancien constitué d’une grotte et d’une chapelle construite sur les lieux du martyre de saint Privat, premier évêque du Gévaudan. Tous les guides le disent : « Attention, la montée est rude » . Et je le vis concrètement dans ma chair. Sur trois kilomètres, le sentier supportant les quatorze stations est si abrupt, que le cœur bat la chamade ! Impossible de réciter son chapelet en l’énonçant tant le souffle vous manque. Mais la beauté de la vue surplombant la ville d’où l’on discerne les contours de la cité médiévale vous récompense. Pincement de cœur en lisant une pancarte « Qu’est ce que le chemin de croix ?»




Une fois sur le plateau haut, le Chemin serpente à travers la forêt de châtaigniers, bien balisé de rouge et blanc. L’esprit vagabonde plus sereinement sans effort physique ! On traverse quelques bourgades de solides maisons en pierre bien construites pour affronter vent et bise et sur la droite, bien incongru, un tombeau antique du IIIe siècle.

            Fage et le four à pain 

Le mausolée roman du III e siècle

Nous sommes à Lanuéjois, riche d’un beau patrimoine : une église romane bâtie en tuf dédiée à Saint-Pierre parmi les plus belles de la région, le mausolée donc, gallo-romain composé d’un tombeau principal, un autel funéraire et une tombe familiale, des lavoirs …L’heure avance, nous voilà à Saint Etienne de Valdonnez, mais cruelle déception le gite ou l’on m’attend, « est situé à la Fage à quelques kilomètres d’une belle montée », me dit la pharmacienne, compatissante. Et oui, le dénivelé est conséquent mais je dois maintenant comprendre que les Cévennes sont une chaîne de montagne entre 800 et 1700 m d’altitude et que le GR calqué sur le Chemin de bienheureux Urbain V l’emprunte de la Lozère au Gard. Mettons-nous dans l’esprit de l’abbé Guillaume de Grimoard qui dévala ces pentes en tous sens. Qui par sa ténacité, son ascétisme, sa volonté et son intelligence en fut tout façonné. Car le relief où l’on vit, vous marque à jamais.

Bref, arrivée au gite trempée de sueur, j’ai eu le temps de me refroidir largement, l’hôtesse du lieu ayant vaqué à la recherche de ses enfants, n’arriva que trois quarts d’heure après moi. Réfugiée dans le four pain, à l’abri du vent terrible et de la pluie, j’envisageais déjà d’y dormir ! Ouf cette épreuve me fut épargnée.

Suite ensuite.

Eglise sur le chemin vers Fage

Urbain V pape de 1362 à 1370

Né en 1310 à Grisac, dont le château a été magnifiquement rénové, bienheureux Urbain V fut le douzième pape français à s’établir en Provence. D’abord bénédictin au prieuré de Chirac, il fonda une fois pape, nombre d’universités à Cracovie, Vienne, Genève.. et aussi des centres d’enseignement pour préparer les étudiants à entrer en faculté. Il crée à Montpellier en 1369, le collège des douze médecins, ancêtre de la faculté de médecine. On lui doit, entre autres, la cathédrale de Mende, la collégiale de Quézac et de Bédouès pour accueillir le tombeau de ses parents. Enfin il restaura Rome, y ramena le Saint-Siège. Il fut béatifié en 1870, sous le pontificat de Pie IX.

Laissons la parole à Charles Pomaret, protestant, ancien maire du Pont-de-Montvert qui nous présente le bienheureux pape Urbain V. Texte issu d’une conférence au Centre universitaire méditerranéen à Nice en 1968, publié en 2003 dans la Revue du Gévaudan, des Causses et des Cévennes.

«  Avec vous, je vais dévaler les pentes de Grizac, je vais descendre dans la plaine pour accompagner rapidement Guillaume de Grimoard dans son exceptionnel sacerdoce, de moine bénédictin et de pape d’avant-garde, dans son étonnante carrière d’homme d’Etat. Nous allons voir qu’il fut un pape austère, ascétique, pourchasseur d’abus, redresseur de torts. Un pape dont les connaissances allaient jusqu’à la limite du savoir de l’époque. Un pape diplomate, sachant dénouer les intrigues et les complots – et Dieu sait s’il y en avait à l’époque. Un pape à la fois résistant, qui, avec Du Guesclin, soutient son roi, le roi de france, et européen qui, le premier au monde, assurément, travaille à l’Europe des patries par sa médiation constante entre ses collègues temporels, le roi de France, le roi d’Angleterre et l’empereur du Saint-Empire. Enfin, un pape de réconciliation religieuse, le premier formulateur, assurément, de l’oecuménisme… » Magnifique !

Dix jours dix gites, en voila trois !

A Monastier excellent gite chez Didier et Virginie Dastarac, 04 66 32 77 26

A Mende Auberge le Rempart, bon hôtel simple et propre en plein centre de la ville.

A Fage, gite sur les hauteurs de saint Etienne de Valdonnez, 04 66 48 14 63.

12 Oct
2023
Dialogue avec les œuvres d’Art ou l’Open Museum, Palais des Beaux-Arts de Lille

        Au Palais des Beaux-Arts de Lille l’imagination est au rendez-vous pour y faire entrer des publics différents qui se laissent prendre au jeu et en redemandent ! Cette année, le jeu video, reconnu comme le 10e art par le ministère de la Culture depuis 2006, y a fait un tabac attirant jeunes et moins jeunes.

         Deux spécialistes de la création numérique, les studios Ankama de Roubaix et Spiders basé à Lequin ont développé le concept, permettant cette conjugaison de l’histoire de l’Art et du jeu video. Une promenade édifiante et savoureuse pour admirer la superbe collection du musée des Beaux-Arts de Lille

Une quête video ludique au Palais des Beaux-Arts

Dans cet espace magnifique du Palais, sur les trois étages, les deux créateurs se sont amusés à glisser des indices un peu partout dans les salles, vrai décor d’un jeu intimement lié aux collections d’oeuvres picturales ou sculpturales. Ainsi, au centre de l’atrium, la rotonde déploie une large scène à 360°, présentant des inspirations croisées des arts et des jeux video. Pendant que la galerie d’accueil, par son beau portail, offre la découverte d’un monde parallèle où personnages des jeux des studios Ankama et Spiders font bon ménage avec la grande variété des chefs d’oeuvre.

Au sous-sol

       Saut dans le Moyen-Age et la Renaissance où des créatures de ces époques sont équipés et armés selon le style et à la recherche du trésor. La salle des plans-reliefs se transforme en théâtre du « Level Design » donnant une crédibilité magnifique à ce monde fantastique des jeux.

         A l’étage, l’écosystème du jeu vidéo apparaît sous nos yeux «  du rôle des créateurs de contenus à l’esprit de compétition des tournois e-sport, en passant par la projection illusionniste d’une séquence de jeu en surplomb de l’atrium et la mise en abîme d’une salle de peintures » comme le précise les organisateurs !

              C’est une belle trouvaille que d’avoir fait entrer les jeux video dans un musée aux magnifiques. collections. Deux mondes bien différents mais l’un éclairant l’autre, les deux se valorisant  !

10 Oct
2023
Dégustation vin de champagne et fromages affinés, un régal !

Il nous a été donné de goûter les vins de champagne de la Maison Charpentier par son propriétaire Jean-Marc Charpentier, associés à cinq fromages parfaitement affinés et sélectionnés par l’excellent MOF Xavier Thuret. Vraie découverte, vrai bonheur  ! Jean-Marc Charpentier

               Cinq et cinq, une association jubilatoire qui a enchanté notre esprit comme notre palais, ouvrant encore le champs des découvertes sensorielles originales. Cinq champagnes, même maison, expression bien différente chacun, présentés par Jean-Marc Charpentier vigneron-propriétaire, mariés à cinq fromages subtils, gourmands, acidulés-crémeux comme dit joliment le Maitre-Fromager Xavier Thuret.

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Jean-Marc Charpentier, propriétaire-vigneron, l’âme de sa Maison, nous donne à déguster Terre d’Emotion Brut Vérité, « l’émotion singulière d’un grand vin de champagne » cite-t-il volontiers aimant à parler non pas de champagne mais comme autrefois, de « vin de champagne » la vraie et bonne appellation ! Ce Brut Vérité, issu de 70% de chardonnay, 15% de pinot noir et 15% de pinot meunier, est produit sur un terroir de la vallée de la Marne, crus Charly sur Marne et Saulchery.

      Vif, pur, long avec une finale presque rugueuse, favorisée par les vieux futs de vin de Bourgogne ou de champagne, achetés d’occasion…Elevé 60 mois sur lattes, ce vin a eu temps et loisir de murir doucettement, s’enrichissant au fil des mois.
Le chef fromager Xavier Thuret nous propose l’association d’un Cantal entre-deux : la salinité qui fait saliver, la profondeur du fromage rejoint la pureté et la personnalité du vin de champagne. On ferme les yeux pour mieux mesurer la puissance de l’accord, se concentrant sur les sens du toucher et de la saveur sur le palais. Joie du contraste, l’un servant l’autre et réciproquement !

Puis s’enchaine le Terre d’Emotion Blanc de Blancs Brut 100% chardonnay, élégamment qualifié par Jean-Marc Charpentier : « le vin nous confie cette dimension du temps dont le Vivant a besoin pour s’épanouir. »

Un vin ciselé, vrai concentré de pureté, sans fioriture, issu de faible rendement, en biodynamie comme l’ensemble du domaine, « chardonnay vivant » comme précise son vigneron ! Ses notes d’agrumes, sa tension minérale, à la fois tendre et vif comme un morceau de soie froissée va contraster et résonner face à une bouchée de Mont d’Or, le premier de la saison. Le gras velouté et onctueux du fromage répondant à la fraicheur saline et iodée du Blanc de Blancs. Bonheur en bouche.

Encore plus surprenant, nous découvrons le vin de champagne Terre d’Emotion rosé brut, dominante chardonnay avec 12% de pinot meunier, « l’émotion singulière d’un grand vin de Champagne ». Nez délicat et tendre, présence subtile des fruits rouges en bouche associée à une touche beurrée et herbacée, finale fraiche… Association osée et contrastée avec une fourme d’Ambert au lait cru éclatante d’onctuosité et de force. La puissance du fromage face à l’éclat du vin toute en suavité due à la légère sucrosité du fruit rouge ! Choc étonnant sur la palais qui en redemande une gorgée et une bouchée. « Un chardonnay qui pinote et dénote » comme dira Jean-Marc Charpentier pour qualifier ce vin.

           Puis, l’heure est venue de déguster le Terre d’Emotion Blanc de Noirs Extra-brut, 80% pinot noir, 20% pinot meunier . L’expression des épices mêlées à la vanille se confond en bouche dans une impression toastée. Fraicheur et minéralité s’embrassent, densité et longueur en bouche se rejoignent pour un vin racé et élégant, rare et grand. Pour le mettre en scène, notre fromager Xavier Thuret a choisi un camembert de Normandie extra-onctueux au beurre demi-sel  ! La aussi, le contraste est saisissant entre note végétale et touche animale du camembert et la force pure du vin. Il faut laisser les deux sensations se mêler en bouche, oeil fermé, sens concentrés pour en saisir tout le « sel », en apprécier toute la magie !

          Terminons cette expérience spatio-gustative par le Terre d’Emotion pinot meunier zéro dosage, un mono cépage, mono parcelle et mono année. La robe est jaune d’or soutenue, le nez de notes de fruits à chair jaune comme le signe le cépage. Le zéro dosage explique la saveur d’une extrême fraicheur alliée à une densité voulue et déconcertante. Le gruyère d’alpage souhaité par notre MOF pour servir ce vin, est magnifique et ton sur ton. Puissance du fromage et densité du vin se répondent et s’accordent pour nous emmener rêver de montagne en hiver, ciel bleu, neige blanche et halo de fraicheur, parfum hors du temps !

Ces cinq dégustations osées et magiques nous auront enchanté le palais et l’esprit, c’était voulu, ce fut réussi ! Bravo les deux artistes. Et merci !

Héritier de huit générations de vignerons, Jean-Marc Charpentier, homme de sagesse et d’audace, sait se donner du temps. Il a compris que la patience obtient tout et que « l’on fait le vin à la vigne » en laissant murir les grains et vieillir le vin. La qualité de la matière première, à savoir le raisin, donne la qualité finale retrouvée dans le verre. Depuis 2009, la culture, 24 hectares de vigne répartis en 72 parcelles en vallée de la Marne, est réalisée en biodynamie, pour le plus grand profit du vin qui atteint une plénitude jamais égalée. Exigence, temps donné, soin de la vigne produisent vins subtils, grande pureté, puissance équilibrée.

Charpentier Champagne, flacons en vente chez le caviste ou sur achat en ligne : www.champagne-charpentier.com