De Fages au Lauze, le Chemin me reprend, il me tient au corps et à l’esprit. Car la marche quotidienne pour rallier l’étape ultime, Avignon en l’occurence, vous tient tout le long en tension. Chaque jour, un pas devant l’autre, le paysage change, restant dans le grandiose, le sauvage, l’escarpé et toujours, dans la solitude.
Petit déjeuner terminé, je sors sans revoir mes hôtes tôt déjà partis. La bourrasque fait claquer ma cape, la pluie gifle mon visage, c’est l’aventura ! Brume diffuse, plafond bas, vent violent.., à 9h il fait si sombre qu’on distingue à peine à quelques mètres. J’avance seule sur le bord de la route, pas une voiture à l’horizon. Sur ma carte, il faut aller tout droit. Hélas, en fait il fallait tourner à gauche au milieu des menhirs, m’indique un charmant monsieur et son fils qui touché par ma mine défaite et dégoulinante, s’arrête pour me proposer de monter. Je refuse avec la dignité d’une pélerine qui prie avec ses pieds et le climat quelqu’il soit, en le remerciant de sa sollicitude.
La Cham des Bondons est la plus grande concentration de menhirs du midi, 154 pierres debout érigées par les habitants de ce plateau calcaire à 1100 mètres d’altitude il y a plus de cinq mille ans à l’époque Néolithique.
Nous sommes entre le mont Lozère et la vallée du Tarn. Le chemin descend raide, traversant quelques petits hameaux de maisons trapues faites de gros blocs de granit, avec des toits de lauze. Il s’agit pour l’homme de se protéger d’une nature belle mais parfois hostile et rude.
Arrive Ispagnac, à la croisée du parc national des Cévennes et du Grand site des Gorges du Tarn. Ce village est situé sur la route des pélerins affluant vers la collégiale de Quézac. Notre cher Urbain V, s’inquiétant pour ces « fous de Dieu » allant à pieds hâvres et presque pieds nus, s’inquiétant donc des difficultés de traversée de la rivière avait fait construire un beau pont constitué de six arches magnifiques. Les travaux commencèrent en 1395 pour s’achever en 1450 !
D’Ispagnac on rallie Quézac, bien connue des amateurs d’eau gazeuse, elle jaillie de la source Diva. L ‘ancienne collégiale fortifiée du XIV e vous accueille, ancien lieu de pélerinage en l’honneur de la Sainte Vierge.
Et l’on arrive à Florac !
Petite ville de 2000 habitants marquée par les guerres de religions. Du reste comme parfois, l’église est adossée au temple protestant. Empruntant ses venelles, je circule au milieu de beautés architecturales, comme cet ancien couvent capucin monument historique, ou le château de Florac, aujourd’hui siège du Parc national des Cévennes. Je traverse rapidement la ville sous une petite pluie insidieuse, photographiée par une charmante jeune- fille Fatima à qui j’offre une image pieuse. Le gite, explicitement nommé relais des Cévennes est parfait, un grand dortoir de 5 lits où je serai seule ce soir la. Un couple et un duo d’amis venus de Dijon marcher sur le Chemin de Stevenson partagent avec moi ce grand gite. Chacun chez soi, la nuit est calme.
En route vers Grisac et son château ou naquit Urbain V
Départ du relais des Cévennes après un solide petit-déjeuner, sur mes pas d’hier pour monter vers Bédouès. Et la, catastrophe, je remonte vaillamment et stupidement le chemin de la veille qui grimpe raide, sans voir qu’il fallait prendre l’embranchement de droite en bas…Une heure perdue qui fait réaliser les mauvais choix, l’inconséquence de mon empressement… Je frappe au carreau d’une maison apercevant une jeune-fille qui vaque d’une pièce à l’autre. Enfin, elle me voit et avec courtoisie m’indique la bonne voie.
Et en moins d’une heure, j’arrive à Bédoués. Et découvre avec ravissement la petite chapelle saint Saturnin, merveilleuse de beauté !
La ou fut baptisé Guillaume de Grimoard, futur pape Urbain V. Bédouès, petit village dans la haute vallée du Tarn, tout à fait remarquable par deux monuments. Sa collégiale fortifiée érigée au XIV e siècle par Urbain V qui y fit ensevelir ses parents, les Grimoard. La collégiale aura pour mission de prier pour sa famille. De la forme d’une croix grecque en schiste, elle servira de refuges aux habitants pendant les guerres de religion. Et une petite chapelle, véritable joyaux, nommée saint Saturnin. unique, couleur des vitraux, motifs, représentation tout est d’une rare splendeur.
Les fresques sont extraordinaires, d’une rare beauté, inspiré de l’art byzantin. La richesse de sa décoration est tout à fait
Le chemin monte sans excès
Les paysages sont grandioses avec vue plongeante sur le Tarn et ses boucles plus ou moins tranquilles. Pour arriver à Grisac, le petit chemin devient plus escarpé, fatalement ! C’est le dos mouillé de sueur, que j’aperçois les hôtes du gite, joliment appelé « Le Gai Soleil ».
Ils m’y conduisent en discourant avec faconde sur le château de Grizac, lieu de naissance du futur pape, restauré magnifiquement par le Marquis de Laubépin, descendant du frère du pape Urbain V. Sa fille, Gilda de Cumond, y séjourne régulièrement. Elle n’est hélas pas la en ce moment. On me dit que je peux aller faire le tour du logis pour voir l’époustouflante vue de la terrasse. Cette demeure familiale, construite au XIII e siècle, donc, a été classé monument historique en 1984. Il est bien certain qu’habiter ici, grandir dans cet environnement préservé, au milieu de cette nature magnifique, forge le caractère
Le village de Grisac
La Fage, chez des agriculteurs charmants, tel : 04 66 48 14 63
A Florac le Relais des Cévennes, 06 44 96 33 68
Grisac : le gai Soleil, 06 61 00 21 00