Fontevraud, écrin de plus de 800 ans, en son cœur, un monument appelé Fannerie, qui héberge sur trois niveaux une exceptionnelle collection donnée par Léon et Martine Cligman. Un lieu magique ou l’intuition de Dominique Gagneux, conservateur en chef, révèle la beauté de chaque œuvre.
« Inviter le visiteur à un voyage de sensations avec la découverte d’œuvres de natures diverses…, rassemblées par un regard commun. » explique Dominique Gagneux, conservatrice en chef du patrimoine et directrice du musée d’Art moderne de Fontevraud.
Car dans ce parcours muséal, dans la disposition des statuettes, tableaux et autres objets antiques ou extra-occidentaux, rien n’est au hasard, tout est pensé et voulu par la directrice, dans un souci de dialogue cohérent, de conversation presque intime entre les œuvres.
Dialogue imaginé
Ainsi, voit-on rapproché grâce à la sensibilité de Dominique Gagneux, un dignitaire sumérien et une peinture de Maurice Martinot, une statue japonaise et un saint du Moyen-Age, une tête égyptienne et un portrait de Van Dongen…Et ces conversation thématiques laissent pantois d’admiration les visiteurs. Mais, la directrice ne se laisse pas enfermer, qui joue aussi des associations inédites, des conversations thématiques, des rapprochements dissociatifs ..
Il fallait trouver une clé , elle a trouvé La Clé.
Déjà, le choix de l’endroit, une Fannerie.
Les fondations de cette Fannerie, située dans la cour d’honneur de l’abbaye, datent du XIIe siècle, reconstruit à la fin du XVIII e siècle par la dernière abbesse Julie d’Antin. C’est là, à l’étage, que le foin était remisée. L’abbaye servit ensuite pendant longtemps de prison et c’est dans la Fannerie que l’on stockait le grain, puis, dès 1828, le rez de chaussée accueillit les fours de la boulangerie. La prison fermera ses portes en 1963. Douze ans plus tard, l’abbaye devient Centre culturel de l’ouest et résidence d’artistes. En 2018, la Fannerie est officiellement décrétée lieu d’affectation de la collection Cligman.
Constituée depuis plus de soixante ans,
La collection recèle des peintures, dessins, sculptures des XIX e et XXe siècle et aussi des antiquités et des objets d’art extra-européens. Une collection d’un grand éclectisme, surtout figurative.
« Les objets de cette collection, poursuit Dominique Gagneux, trouveront leur place dans un principe d’accrochage qui autorise toutes les combinaisons : les espaces sont conçus pour que puissent se faire et se défaire conversations, dialogues, conciliabules et autres connexions. Le musée pourra accueillir toute interprétation de la collection comme une partition musicale où les variations seront multiples et révéleront des affinités électives de tous ordres ».
Musée où l’œuvre d’art est valorisée pour ses qualités intrinsèques
« Souhaitons, termine t’elle, que ce nouveau musée puisse suggérer une relations aux œuvres souvent inconnue du public et qu’il pourra s’approprier, inciter ses visiteurs à libérer leur regard, à identifier un rapport à l’œuvre d’art très personnel, qui pourra être la démarche de tous. » .
Bref, gageons que ce musée, original dans son approche libre et intuitive, ouvrira les yeux des visiteurs sur une disposition à nulle autre pareille qui magnifie chacune des œuvres !
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