Culture (expo, cine, musée…)

12 Avr
2025
Qui êtes-vous Andrée Turcy?

Salle noire, bruit de fond avec voix à l’accent pointu qui encensent l’actrice et chanteuse Andrée Turcy…

Nous sommes au théâtre du Guichet Montparnasse qui nous dévoile la vie et la gloire de cette interprète solaire de la chanson réaliste des années 30.

   Elle est émouvante cette petite dame brune dans sa  jupe noire et son chemisier sage avec son rang de perles blanches. Et quand elle chante, on est pris dans la nostalgie de cette époque de l’entre deux guerres et la suite. Un mélange de poésie et de gouaille quand elle pousse avec conviction « c’est Mon Homme » et d’autres encore, comme « Mon Anisette », « la chanson du Cabanon » qui nous emmène cent ans en arrière.

« Qui êtes-vous Andrée Turcy ? »

est le nom de ce spectacle conçu comme une interview par Jean-Christophe Born qui en fait un vibrant hommage à cette chanteuse un peu oubliée. 50 ans après sa disparition à Marseille, Andrée Turcy revit donc par la magie du verbe: ses début à l’Eldorado de Paris, son triomphe à l’Alcazar de Marseille, les  scènes de music-hall à Alger, en Russie, en Tunisie, au Maroc, à Paris..

  La forme choisie, une interview enlevée et tout en proximité amicale, rend le spectacle vif et joyeux, plein de la couleur des chansons, des anecdotes et des histoires vécues avec une pointe d’émotion parfois. Vivant et pétillant.  L’auditoire écoute, rit, applaudit.

 Andrée interprétée par Guillemette Lefèvre est formidable et toute entière donnée, le journaliste Jean-Christophe Born lui donne la réplique et nous la « révèle » avec talent. Bref, un très bon moment qui passe en un clin d’oeil !

 

Notre amie, une autre Alix présente au spectacle livre son ressenti:

« Bel hommage à Andrée Turcy et à la chanson de cabaret des années 30 ! Spectacle relevé et pétillant avec deux acteurs bien sympathiques. Marseille et son accent pointu  est à l’honneur.

En 3 mots: beau voyage musical » tout est dit !

 

 » Qui êtes-vous Andrée Turcy ?  »  Dès le 11 avril 2025, au Guichet Montparnasse, 15 rue du Maine XIV, les vendredi et samedi – 20H30 et les dimanche à 16h30 jusqu’au 4 mai.

10 Avr
2025
Fernand Léger au musée du Luxembourg

Faisons entrer la couleur, sur les cimaises du Musée du Luxembourg, les œuvres de Fernand Léger sont joyeuses, ponctuées de teintes vives et vibrantes.

    Afin de s’adresser à tout le monde, Léger évoque ces nouveaux sujets plein de joie de vivre, il ouvre la voie à une génération « les Nouveaux Réalistes « composée d’une vingtaine d’artistes dont Yves Klein, Raymond Hains, César, Niki de Saint Phalle, Martial Raysse, ces artistes s’emparent des objets du quotidien et les transforment en œuvre d’art, comme les Oiseaux11 une œuvre d’Arman, composée de pinces auto bloquantes métalliques.

Une expérience visuelle saisissante accessible qui révèle l’art comme un miroir de notre monde.

Véronique Chatel

Jusqu’au 13 juillet 2025

27 Fév
2025
l’Art contemporain, sous contrôle ?

 Que voila un ouvrage dense, documenté, effrayant par instant, par ces révélations d’un auteur qui vit dans l’art et par l’art. Aude de Kerros est en effet peintre et graveur doublée de talent d’auteur et  d’essayiste. Après quelques livres éclatants sur le sujet, dont «  l’ Imposture de l’Art contemporain » et « l’Art caché enfin dévoilé », elle enfonce le clou en révélant le pouvoir de l’Art contemporain comme acteur des relations internationales.

       « Que voit-on de l’art à l’échelle mondiale ? Une image qui saute aux yeux, qui fait le tour du monde comme l’éclair et accompagne un chiffre record » dixit l’auteur qui réfléchit au destin de l’art, traité désormais « comme un produit » qu’il soit « ancien », « moderne » ou « contemporain ». Elle s’interroge, « en art, la globalisation impliquerait-elle un processus de « décivilisation » ? Aude de kerros prend l’exemple de la vente de « Salvator Mundi » reconnu par certains experts, mais pas par tous, comme de la main du maitre Leonard de Vinci, vendu par le département Art contemporain dans sa vente d’automne, la plus prestigieuse  à New York, afin d’utiliser un public non cultivé.  La promotion marketing fut intense et internationale, et la cote a atteint le chiffre spectaculaire et record de 400,3 millions de dollars. L’authentification avait pourtant été  contestée par une conservatrice en chef du MET spécialiste reconnue du maître !

Le jeu des salles des ventes

Saviez-vous que les salles des ventes internationales jouent désormais sur la confusions des genres, proposant à une clientèle plus nombreuses et multiculturelles, des oeuvres d’art des trois départements, ancien, moderne et contemporain. Les collectionneurs « d’avant » étaient anglo-saxons, européens, riches et cultivés. Pour la nouvelle vague, encore beaucoup plus riche, le mot « art » n’a plus le même sens. Les salles des ventes leur proposent donc « de » l’oeuvre d’art au sac à main, motos, voitures, montres de collection…tout est bon pour la satisfaire ! Ainsi l’Art contemporain est devenu fourre-tout de tous concepts, d’art, mode, design…un produit de vente adapté à un marché, permettant une circulation monétaire fluide.

Trois questions à l’auteur, Aude de Kerros

Et l’Intelligence artificielle ces implications dans le marché de l’Art ?

L’Intelligence Artificielle, IA,  permet un changement de rapport de force et de pouvoir. Utiliser ce nouvel apport technologique rapproche l ‘offre et la demande sur l’ensemble du marché. Un gros travail de sémantique rigoureux pour classer, identifier, certifier chaque oeuvre en tenant compte de l’immense diversité de la création, a été fait qui permet d’entrer dans la complexité des oeuvres et de détecter l’apparition de courants différents. Une démarche qui remet en cause l’art officiel, financier et hégémonique. L’artiste récupère sa liberté grâce à cette technologie qui facilite un marché modeste ou moyen devenu visible, authentifié et traçable.

Qu’en est-il du marché sur internet ?

Pour la première fois, se trouve réunis sur l’écran, l’Art officiel et l’art non estampillé, libre, créatif, international lui aussi mais à prix moyens ou bas fondés sur l’offre et la demande. L’Art contemporain s’est trouvé réduit aux dimensions du rectangle 16/9, entrant dans l’ombre de l’écran. Un espace intime peu adapté qui nuit au prestige  des produits financiers, mythiques, intellectuels, transgressifs et moralisateurs…Sans concept ni discours, le produit prend le risque de se voir en un clic, rejeter ! Et oui, tout l’art visible sur les écrans numériques est confronté à la comparaison: le danger est grand d’éveiller l’esprit critique et le jugement personnel !

Souriez, vous êtes manipulés !

Pour inciter à l’achat sur Internet, il faut captiver l’éventuel acheteur qui baguenaude sur la toile, flânant, comparant, choisissant.. mais les stratégies de vente habituelles de l’Art contemporain  étant totalement inadaptés à ce médium, il était urgent de les customiser en leur donnant un « ressenti » de peinture, en réduisant, entre autre, le discours conceptuel au format d’un simple titre. Il a donc fallu élaborer une stratégie sémantique capable de semer une confusion cognitive sur le nouveau produit  devenu mi-peinture mi-concept. Un nouveau vocabulaire apparait donc en l’espace d’une année, le, mot « pièce » disparait au profit d’ «  oeuvre » , « peinture », « sculpture »..Ces mots, anciennement diabolisés, sont repris par les journalistes et les critiques, ils rhabillent l’art conceptuel. En introduisant  discrètement quelques peintures de bonne facture, esthétiques même, les galiéristes et marchands veulent ainsi combattre une certaine lassitude des collectionneurs pour les oeuvres conceptuelles trop répétitives, froides, trash..Attention cependant de réintroduire peinture et esthétique qu’avec mesure, trop nombreuses, elles pourraient mettre en danger la valeur établie d’un demi-siècle de production d’Art contemporain officiel

  Vraiment un ouvrage à lire, passionnant, très bien écrit, qui découvre les dessous pas toujours reluisants, des ventes de produits d’art contemporain.

Art contemporain, Manipulation et géopolitique, chronique d’une domination économique et culturelle, par Aude de Kerros, Eyrolles poche, 8,90 €