Culture (expo, cine, musée…)

2 Jan
2024
Sur le Chemin du bienheureux Urbain V, pape d’Avignon au XIV e siècle.


C’est un Chemin époustouflant qui serpente entre ciel et terre, avec ces hauts et ces bas, comme la vie qui va. De Nasbinals dans l’Aubrac à Avignon, il nous retrace par les villages, les maisons, les chapelles, l’existence de Guillaume de Grimoard, devenu l’avant-dernier pape d’Avignon, prêtre et pape peu connu mais au rayonnement universel.

Cet été, un article dans famille Chrétienne nous avait alerté sur un pèlerinage bien tentant crée par l’association Les amis du bienheureux pape Urbain V. Son parcours mis au point par Jean-Paul Peytavin décrivait une magnifique marche sur le GR 65, le long de ces 329 km à travers le plateau de l’Aubrac, la vallée du Lot, les Causses, le mont Lozère, les Cévennes..jusqu’à Avignon en passant par Uzès.

Et nous voilà partie.

               Nasbinals, première étape, au croisement du Chemin de saint Jacques de Compostelle. Petite prière dans l’église Sainte-Marie pour confier notre Chemin à la Sainte Vierge. Magnifique édifice en granit de 1074 constitué d’un clocher octogonale, une voûte en ogive, fleuron majeur de l’art roman en Aubrac.

                  Le lendemain, premiers pas sur le Chemin, assez plat, bordé de petits murs de pierres. Suivie de prés par ces vaches de variété Aubrac, fierté des Lozariens, aux cornes en forme de lyre, au pelage blond, aux yeux cernés de noir. Douces montées, vent balayant la Margeride, paysages dégagés, croisé quelques chasseurs d’image, quelques chasseurs de palombe…

              Joli gite isolé, sur la Chemin un petit café m’attend sans doute sur place, me dis-je ?
Je frappe entendant voix et rires, j’entre, une douzaine d’adultes et d’enfants me regardent, interloqués ! Ils ont réservé tout le gite pour le week-end et j’arrive bien innocemment. Grande gentillesse de ces amis rassemblés qui a mes explications de pèlerine sur le Chemin de saint Urbain V, me serve bien volontiers un café chaud et revigorant !

Eglise du Monastier

        Et l’on arrive au Monastier dans un gite tenu par une famille très accueillante. Dans l’église Saint-Sauveur, magnifique de simplicité, niché au coeur de ce village de maisons en pierre du XI, XII et XIIIe siècle, Guillaume de Grimoard fut ordonné prêtre, il était le neveu du prieur. En 1366, alors devenu pape Urbain V, il revint restaurer cette église et le cloitre. Il ajouta une tour de défense dont il reste quelques vestiges. Ce saint pape offrit un grand nombre de reliques à l’église, la rendant attirante pour de nombreux pèlerins qui offraient des dons généreux.

Vue de mon gite

   Vers Mende

                          De bon matin, le lendemain, départ vers Mende. Et la, le Chemin devient aride tant les montées et les descentes se font raide. On marche courbée sous le poids du sac et chaque pas tire sur les muscles. Très vite, la chemise se mouille sous l’effort et l’anorak itou. On chemine sans arrêt, juste un instant pour boire quelques gorgées d’eau. Loin du monde, pas une âme, je médite sur la solitude, ici par moi choisie. Le paysage devient sauvage, immense vue dégagée en hauteur ou dans la forêt, caché sous la feuillée. Le soleil brille mais descend peu à peu, les heures s’égrainent et enfin, la cathédrale de Mende apparait sur la gauche dans le bas de la vallée, encore loin. Parce que je suis indisciplinée et toujours pressée, sur les conseils d’un charmant cycliste, je vais couper à travers bois, par une fragile sente qui m’ouvre un petit passage entre broussailles, taillis et végétation envahissante, je rêve d’arriver vite, mon compteur de pas marque plus de 30 km. Enfin, la ville de Mende, le Chemin longe le Lot avec ces ponts. Vite, l’hôtel, la douche chaude et un steak frites !

Une cathédrale voulue par le bienheureux pape Urbain V

                  La cathédrale Saint-Privat, forte de ses 241 marches vers le clocher, est un phare qui éclaire toute la ville nichée à ses pieds Elle possédait la plus grosse cloche et la plus sonore de toute la Chrétienté, avant d’être détruite par les guerres de religions. En 1366, alors qu’Urbain V est encore pape 4 ans, il meurt en 1370, il décide de rebâtir la cathédrale d’après un plan ambitieux. Hélas un incendie empêche le projet d’aboutir et le pape ne verra jamais sa cathédrale. De style gothique flamboyant, le monument possède deux clochers de deux tailles différentes, 65 mètres pour l’un et 84 mètres pour le second. Sur la place devant la cathédrale, une belle statue d’Urbain V attire le regard.

Et ce fut le troisième jour !

On quitte Mende en passant devant la spectaculaire cathédrale, le temps de discuter 5 minutes avec un passant venu ici avec son fiston pour lui faire repasser son permis de conduire loupé. «  A Mende, explique t’il tout réjoui, on peut le repasser quelques jours après le rendez-vous, dans notre coin de Lyon, impossible avant plusieurs mois ! Ces considérations loin des miennes pour l’heure, j’emprunte la rue saint Ilpide qui me conduit vers le chemin de Croix, en passant par un Ermitage ancien constitué d’une grotte et d’une chapelle construite sur les lieux du martyre de saint Privat, premier évêque du Gévaudan. Tous les guides le disent : « Attention, la montée est rude » . Et je le vis concrètement dans ma chair. Sur trois kilomètres, le sentier supportant les quatorze stations est si abrupt, que le cœur bat la chamade ! Impossible de réciter son chapelet en l’énonçant tant le souffle vous manque. Mais la beauté de la vue surplombant la ville d’où l’on discerne les contours de la cité médiévale vous récompense. Pincement de cœur en lisant une pancarte « Qu’est ce que le chemin de croix ?»




Une fois sur le plateau haut, le Chemin serpente à travers la forêt de châtaigniers, bien balisé de rouge et blanc. L’esprit vagabonde plus sereinement sans effort physique ! On traverse quelques bourgades de solides maisons en pierre bien construites pour affronter vent et bise et sur la droite, bien incongru, un tombeau antique du IIIe siècle.

            Fage et le four à pain 

Le mausolée roman du III e siècle

Nous sommes à Lanuéjois, riche d’un beau patrimoine : une église romane bâtie en tuf dédiée à Saint-Pierre parmi les plus belles de la région, le mausolée donc, gallo-romain composé d’un tombeau principal, un autel funéraire et une tombe familiale, des lavoirs …L’heure avance, nous voilà à Saint Etienne de Valdonnez, mais cruelle déception le gite ou l’on m’attend, « est situé à la Fage à quelques kilomètres d’une belle montée », me dit la pharmacienne, compatissante. Et oui, le dénivelé est conséquent mais je dois maintenant comprendre que les Cévennes sont une chaîne de montagne entre 800 et 1700 m d’altitude et que le GR calqué sur le Chemin de bienheureux Urbain V l’emprunte de la Lozère au Gard. Mettons-nous dans l’esprit de l’abbé Guillaume de Grimoard qui dévala ces pentes en tous sens. Qui par sa ténacité, son ascétisme, sa volonté et son intelligence en fut tout façonné. Car le relief où l’on vit, vous marque à jamais.

Bref, arrivée au gite trempée de sueur, j’ai eu le temps de me refroidir largement, l’hôtesse du lieu ayant vaqué à la recherche de ses enfants, n’arriva que trois quarts d’heure après moi. Réfugiée dans le four pain, à l’abri du vent terrible et de la pluie, j’envisageais déjà d’y dormir ! Ouf cette épreuve me fut épargnée.

Suite ensuite.

Eglise sur le chemin vers Fage

Urbain V pape de 1362 à 1370

Né en 1310 à Grisac, dont le château a été magnifiquement rénové, bienheureux Urbain V fut le douzième pape français à s’établir en Provence. D’abord bénédictin au prieuré de Chirac, il fonda une fois pape, nombre d’universités à Cracovie, Vienne, Genève.. et aussi des centres d’enseignement pour préparer les étudiants à entrer en faculté. Il crée à Montpellier en 1369, le collège des douze médecins, ancêtre de la faculté de médecine. On lui doit, entre autres, la cathédrale de Mende, la collégiale de Quézac et de Bédouès pour accueillir le tombeau de ses parents. Enfin il restaura Rome, y ramena le Saint-Siège. Il fut béatifié en 1870, sous le pontificat de Pie IX.

Laissons la parole à Charles Pomaret, protestant, ancien maire du Pont-de-Montvert qui nous présente le bienheureux pape Urbain V. Texte issu d’une conférence au Centre universitaire méditerranéen à Nice en 1968, publié en 2003 dans la Revue du Gévaudan, des Causses et des Cévennes.

«  Avec vous, je vais dévaler les pentes de Grizac, je vais descendre dans la plaine pour accompagner rapidement Guillaume de Grimoard dans son exceptionnel sacerdoce, de moine bénédictin et de pape d’avant-garde, dans son étonnante carrière d’homme d’Etat. Nous allons voir qu’il fut un pape austère, ascétique, pourchasseur d’abus, redresseur de torts. Un pape dont les connaissances allaient jusqu’à la limite du savoir de l’époque. Un pape diplomate, sachant dénouer les intrigues et les complots – et Dieu sait s’il y en avait à l’époque. Un pape à la fois résistant, qui, avec Du Guesclin, soutient son roi, le roi de france, et européen qui, le premier au monde, assurément, travaille à l’Europe des patries par sa médiation constante entre ses collègues temporels, le roi de France, le roi d’Angleterre et l’empereur du Saint-Empire. Enfin, un pape de réconciliation religieuse, le premier formulateur, assurément, de l’oecuménisme… » Magnifique !

Dix jours dix gites, en voila trois !

A Monastier excellent gite chez Didier et Virginie Dastarac, 04 66 32 77 26

A Mende Auberge le Rempart, bon hôtel simple et propre en plein centre de la ville.

A Fage, gite sur les hauteurs de saint Etienne de Valdonnez, 04 66 48 14 63.

13 Nov
2023
L’Os à Moelle, une tranche de rire !

La loufoquerie a un maitre et son nom est Pierre Dac ! Le « non sens » en action sous forme d’un journal de quatre pages qui fait se tordre de rire tout Paris. En une journée les cent-mille exemplaires s’arrachent. Voici sur la scène de l’Artistic Théâtre le retour.

Le 13 mai 1938, sort un journal pour le moins incongru. «  La chasse est annoncée, mais c’est d’une grande loufoquerie que de prévenir ainsi le gibier ! ». Ainsi durant plus d’une heure, les trois acteurs vont se répondre et jouer les questions et réponses, plus farfelues que jamais.

Et on rit.


      Cédric Colas, Michel Ouimet et Emmanuelle Galabru s’amusent aussi en s’envoyant les bouffades.

Las, en 1939 la guerre se prépare, le journal se mobilise et prend position évidemment, cela déplait aux occupants et au gouvernement. Le rideau tombe sur l’Os à Moelle le 7 mai 1940, Pierre Dac le fondateur, qui a attaqué Hitler, doit fuir. Le roi de la loufoquerie dira plus tard « Ce qui m’est arrivé est parfaitement logique. Il est bien connu que l’os à moelle se décompose au contact du vert de gris ».

Anne-Marie Lazarini imagine et met en scène pour trois voix et un poste de radio, un cabaret d’avant-guerre. Le ton est donné, on se laisse bercer par ses échangescolorés.
Pierre Dac dira « je pense que l’humour c’est de faire les choses très graves, très sérieusement, sans tellement se prendre au sérieux. »

Et bien d’actualité : « A la question, que pensez-vous du ministère de l’Education Nationale ? » il répond : Il me semble urgent d’en créér un . »

Tout est dit, allez-y !

CP : Marion Duhamel.

Artistic Theatre, 45 rue Richard Lenoir 11e, samedi et dimanche à 15h.

9 Nov
2023
Panique en Coulisses : un tourbillon pour rire !

         Et si on allait voir ce qui se passe de l’autre côté du rideau ? C’est ce qu’imagine l’auteur, Michael Frayn, en écrivant cette pièce en 1982. Depuis, le succès est au rendez-vous, allez voir pourquoi et comment et laissez vous emportez !

On l’appelle souvent « la farce la plus drôle jamais écrite » Adaptée par Stephane Laporte aidé à la mise en scène par Jean-Luc Moreau et Anne Poirier-Busson, cette pièce a séduit plus de 14 millions de spectateurs et remportée de nombreux prix. Est-ce le côté hilarant du scénario ou la curiosité de découvrir un autre monde ? En tout cas, une plongée pleine de tumulte et de bruit qui provoque le rire.


Crescendo

      Trois parties composent cette création théâtrale dont on préservera l’histoire pour garder le mystère : un premier acte qui explique ce qui va suivre, l’intrigue. Ensuite, le rire s’enfle et occupe l’espace. Pour terminer en acte trois, dans une sorte d’apothéose où le mouvement, l’emballement des acteurs, leur énergie et leur grand sens de la coordination entre eux, clôt magnifiquement la pièce.

            En voyant de plus prés cette pièce, on découvre au de la des répliques convenues et polies devant les spectateurs, des relations humaines faites de conflits feutrés ou pas, de jalousies, d’inimitiés, tout un monde de désaccords derrière la scène et le monde. L’homme est la, à travers le prisme du monde du spectacle, dans son « hommerie », dans son humanité admirable ou décevante…Ainsi est la vie.

            Bref, les sardines volent, les rires fusent mais masquent plus ou moins la fragilité des acteurs. Très réussie, la mise en scène avec ce décor dans le décor, le spectacle dans le spectacle. Les acteurs nombreux sur scène, sont magnifique de mouvement et de cohérence entre eux.
Allez-y pour le plaisir d’un excellent moment.

Panique en Coulisses, théâtre des Variété, 7 bd Montmartre, Paris II, jusqu’au 30 décembre.