Rencontre inédite avec Jacques Letertre, propriétaire d’un vrai hôtel littéraire à Paris, le Swann, évidemment !
Les fanatiques de Proust doivent absolument aller loger une nuit dans la chambre « Gilberte » ou celle de « Madame Verdurin », dans cet hôtel décoré et façonné selon l’univers de la Recherche. Ils se plongeront dans l’élégance et la nostalgie de ce temps passé, qui fit le bonheur d’un monde évanoui. Il nous reste les trois mille pages de cette œuvre exceptionnelle que les étrangers lettrés du monde entier nous envie. Jacques Letertre, propriétaire de 12 hôtels, nous ouvrent les portes de celui-ci.
« Saviez-vous que les Japonais sont les plus grands connaisseurs de Proust ? », raconte Jacques Letertre, qui a voulu dédié cet hôtel de la chaîne Best Western, au fameux écrivain. Situé au coeur de l’univers proustien entre plaine Monceau et l’église Saint augustin, le Swann offre à l’amateur une collection unique d’œuvres variées. Pas moins de 500 livres sur Proust ou de Proust sont proposés à la lecture, quelques uns volés sont signe de l’intérêt suscité ! La reliure, un métier d’art apprécié du « divin Marcel » se voit honorée en la personne de Jean de Gonnet, qui a relié merveilleusement les 13 tomes de la Recherche. Des reproductions de photos de Proust façon Warhol décorent les murs de la salle à manger. A signaler également, un étonnant tableau contemporain qui offre l’intégrale de la Recherche sur un seul panneau, 3000 pages vues à la loupe, créée par un collectif canadien.
« Faire aimer Marcel Proust, le faire lire et découvrir…une passion à partager, jubilatoire pour moi. Ainsi, nous avons voulu que les 6 étages de l’hôtel soient dédiés à un lieu mythique décrit dans le roman : il y a l’étage Faubourg Saint Germain, l’étage Combray, l’étage Venise … avec une citation retraçant l’atmosphère du lieu. Et les 81 chambres, dans les tons gris pastel, portent le nom d’un personnage de la Recherche. Il devient si facile d’aimer Proust à la lecture de ces passages tour à tour comiques et poétiques, toujours plein d’élégance et de finesse.
Ma joie c’est aussi ma bibliothèque personnelle, dont les fenêtres restent fermées pour ne pas nuire aux reliures. Il s’en dégage une odeur particulière que j’aime.
Ma joie c’est encore d’emmener en vacances tous les ans, un livre de la Recherche différent, j’y découvre toujours un détail, une idée qui m’avaient échappés.
Vos projets.
De mes 12 hôtels, je veux en destiner trois à de grands écrivains selon moi. Après Proust, je souhaiterai en dédier un à Flaubert à Rouen, un à Marcel Aymé à Montmartre, un à Vialatte à Clermont Ferrand.
Et évidemment, développer des réunions autour de grands hommes liés à l’art comme Jacques Doucet.
Savoir-Vivre sur le vif.
Ancien de l’Ecole Nationale d’Administration, j’ai dû effectuer des séjours en diverses préfectures. Une difficulté fut de faire le discours de maires de villes qui n’avaient rien fait de très important au cours de leur mandat de maire. L’un d’eux était responsable de la première insémination chez le lapin, j’ai réussi à le placer… ! »
Premier hôtel littéraire, 81 chambres toutes à l’image d’un personnage de la Recherche du Temps Perdu, petits déjeuners servis dans la salle à manger Art Déco.
Hôtel Best Western, le Swann, 15 rue de Constantinople, 75008 Paris. Tel: 01 45 22 80 80.