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16 Juin
2022
Vaux le Vicomte, magnificence aux cuisines !

              Cet été, les visiteurs sont invités au château de Vaux le Vicomte pour admirer une nouveauté inédite : les cuisines mises en scène par Vatel pour servir Fouquet, portrait en dessous. Vaux, l’incarnation du génie du grand siècle. 


 

                Vatel n’est pas le cuisinier qu’on croit, il fut mieux que cela ! Un magicien, vrai chef d’orchestre, au service de la table de son maitre Fouquet pour servir le roi de France Louis XIV. Il contribue par son génie au raffinement du grand Siècle.

Et pour se faire, les cuisines ont été magnifiquement restaurées, la table dressée pour proposer « l’ambigu » .

Kesako l’ambigu

                  Le mot désigne un souper-collation où tous les mets chauds et froids, sucrés et salés sont présentés sur une vaste table, dans une harmonie parfaite bien faite pour surprendre l’invité, le séduire, lui donner envie face à tant de merveilles. S’y ajoute un jeu de lumière par les girandoles, les luminaires de bougies et autres bougeoirs, chandeliers et bras de lumière. Et la vaisselle précieuse, la verrerie en cristal, l’argenterie, les nappes… De quoi forcer l’admiration et impressionner les convives. C’est ce qui arriva aux 600 invités de la réception de Nicolas Fouquet le 17 aout 1661 qui se pressaient autour du roi et de la reine Anne d’Autriche. Au plaisir de l’oeil et du palais, s’ajoutait celui émanant des 24 violons disposés alentours

L’historienne de la gastronomie du Grand Siècle, Dominique Michel

                   A beaucoup contribué à la réussite de ces mises en scène gastronomiques. Le visiteur se plonge dans les coulisses de la fête et écoute tout surpris et ravi, le discours du comédien, incarnant Vatel. Il explique ses créations, des idées, son audace pour éblouir le roi et la cour. L’enjeu est de taille, il s’agit pour Fouquet, d’honorer le roi par sa mugnifence ! Et voilà le grand Vatel qui répète… Bruit, odeur, brouhaha, exclamation, bruit de couteau qui tranche, coupe et dissèque, volailles, cochons, perdreaux, sangliers ou chevreuils.

L’oeil se perd dans la montagne de marrons glacés, les pyramides d’écrevisse, les monceaux d’huitres fraiches.

« Par leur luxe et par leur opulence, ces ambigus traduisent la richesse et la grandeur du maitre de maison » explique Dominique Michel.

Le génie de Vatel

                Par sa créativité, son sens de l’harmonie des mets et des saveurs, François Vatel contribua largement au cours du XVII e siècle, au développement de l’art culinaire et du service à la française. Il fut un maitre d’hôtel remarquable, créant des fêtes gastronomiques inégalées par le jeu des alliances, présentation et audace culinaires. Confident et homme de confiance de Nicolat Fouquet, il veillait aux achats, aux réserves alimentaires, organisant les déplacements et le déménagement des meubles, vaisselles, veillant à la conduite des travaux des diverses demeures de son maitre à Saint Mandé ou à Vaux…

         Chateau de Vaux le Vicomte:  animations pour les enfants, concours du plus beau déjeuner sur l’herbe…

Journée spéciale le 26 juin, journée Grand Siècle, venez costumé en XVIIe siècle, les danses baroques se mêlent au spectacle de mousquetaires.

Et tous les samedis soirs de mai à octobre, visite unique du chateau et des jardins éclairés à la bougie, plus de 2000 bougies

L

11 Avr
2022
Au Petit Palais, Giovanni Boldini, maître de l’élégance


           Son trait de peinture est inimitable ! Il joue des formes, des tissus, des silhouettes à grands coups de pinceaux, virevoltants, rapides,  entrainés. Lui c’est Boldini, un italien, virtuose de la peinture arrivé en France vers 1870.

Il nous enchante par le mouvement, l’agilité, l’élégance qu’il donne à ses portraits, ses scènes de vie intérieure ! Mais qui est Giovanni Boldini ? Né en 1842, à Ferrare en Italie, d’une famille nombreuse, il est initié à la peinture par son père peintre et restaurateur. Très vite repéré par son talent, il s’installe à Florence pour compléter ses études. Au contact du groupe des Macchiaioli, peintres influencés par les impressionnistes qui préconisent la fraicheur et l’instant, il fait ses classes, se liant avec  les peintres influents de l’époque.

 

A Paris en 1867, il voit l’Exposition universelle, connaît Edgard Degas, Edouard Manet, Sisley, Caillebotte et admire Jean-Baptiste Corot. Il s’installe enfin, à Paris en 1872, prend un atelier place Pigalle, travaillant avec le marchand d’art Adolphe Goupil. C’est à ce moment qu’il commence à portraiturer le Tout-Paris, expose au Salon et vend ses tableaux très avantageusement.

C’est par ses rencontres d’artistes européens, ses voyages nombreux en Hollande, en Espagne, au Maroc et ailleurs qu’il puise une forme d’inspiration dans sa peinture. Il retourne ponctuellement en Italie comme à Florence où il réalise son autoportrait pour la Galerie des Offices. Au début du XXe siècle, il produit nombre de portraits et paysages. Puis, sa vue s’affaiblit, il meurt en janvier 1931, laissant des œuvres figurants dans les plus grands musées du monde, comme au Metropolitain à New York, la National Gallery à Londres, le Musée d’Orsay à Paris…

Son œuvre

150 peintures, dessins, quelques robes du soir et accessoires de mode sont présentées également. A travers ses oeuvres, on découvre un Boldini non seulement portraitiste chic et mondain, mais aussi un  artiste plus secret, original, à contre-courant d’un mouvement avant-garde tout en restant moderne. Car il savait travailler  discrètement et explorer d’autres facettes de la peinture.

Par ses relations, ses amis, il met en scène cocottes comme duchesses, grande bourgeoise ou paysanne au potager, sans oublier des portraits d’hommes du monde, voir son célèbre portrait du comte Robert de Montesquiou.

 

Son grand ami Sem, caricaturiste célébrissimme aussi en son temps, décrit à merveille son style :

« Ses femmes crispées, arquées, retournées sur des sofas de satin blanc, nacrés comme des ventres de poisson, ont des torsions de truites au bleu au sortir de l’eau bouillante. »

Bref, lisez Proust et courez voir l’exposition Boldini, vous passez un moment exaltant.

Boldini au Petit Palais, du 29 mars au 24 juillet 2022.

22 Fév
2022
Christian Bérard, artiste surdoué exposé à Evian

Un peintre aux multiples facettes, décorateur de théâtre et de danse, costumier, dessinateur de mode et illustrateur, Christian Bérard, enfin réhabilité pour la première fois depuis 40 ans, s’expose à Evian, dans une magnifique rétrospective !



Auto portrait de Christian Bérard


 Il est né avec le siècle dernier en 1902, mort en 1949, entre vie mondaine et bohème, passé de la coqueluche du Tout Paris à un relatif oubli, il est enfin retrouvé et présenté aux amoureux du Beau. Il a servi, par ses dessins, crayons et autres modèles, Roland Petit comme Jean Cocteau, Jean-Louis Barrault comme Louis Jouvet. Scénographe du théâtre de la mode ou conseiller de Christian Dior ou Elsa Schiaparelli, il néglige un peu ses pinceaux malgré une bonne formation à l’académie  Ranson.

Pourtant ses portraits  plaisent par leur justesse et leur subtilité : « on se saurait imaginer un art plus profondément humain et mieux fait pour nous rassurer sur les destinées de la peinture », écrit dans Vu, en juillet 1932, Jean Gallotti.

Peintre, profondément.

La peinture était sa vie, il voulait s’y consacrer totalement, mais les circonstances l’ont amené à se disperser. Plus que les natures mortes ou les paysages, il fut un excellent portraitiste, saisissant l’expression, le mouvement, le caractère des hommes. Entre 1920 et 30, Christian Bérard va exposer dans de nombreuses galeries parisienne, chez Bonjean, Vignon, Druet..puis plus tard à New York.

 

Bérard, le théâtre, le ballet

L’artiste va parrallelement prêter ses pinceaux à divers metteurs en scène tels que Cocteau dont il imaginera les décors et costumes pour  la Voix humaine en 1930, la Machine infernale en 1934, les Monstres sacrés en 1940… Pour Louis Jouvet dans l’Ecole des femmes, en 1936, l’Illusion comique en 37, la Folle de Chaillot de Giraudoux en 1945…

Il collabore aussi avec grand succès, à la réalisation de costumes et décors de différents ballets. S’essayant également avec talent  au dessin de mode à paraître dans les revues sélects comme Vogue ou Harper’s Bazaar.
Et comme cet homme talentueux était aussi ecclectique  que fameux, il décora avec merveille les appartements d’une riche clientèle du couple Noailles à Marcel Rochas et même François Mauriac.

Et last but not least, Christian Bérard illustra des couvertures d’ouvrages comme le roman Babylone ou  Opéra de Jean Cocteau et de nombreux écrivains.
Bref, cet artiste, resté trop longtemps dans l’ombre, méritait bien cette magnifique exposition à Evian, au théâtre de la Vie.

Christian Bérard, du 5 au 22 mai 2022, au Théâtre de la Vie à Evian.