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22 Fév
2022
Christian Bérard, artiste surdoué exposé à Evian

Un peintre aux multiples facettes, décorateur de théâtre et de danse, costumier, dessinateur de mode et illustrateur, Christian Bérard, enfin réhabilité pour la première fois depuis 40 ans, s’expose à Evian, dans une magnifique rétrospective !



Auto portrait de Christian Bérard


 Il est né avec le siècle dernier en 1902, mort en 1949, entre vie mondaine et bohème, passé de la coqueluche du Tout Paris à un relatif oubli, il est enfin retrouvé et présenté aux amoureux du Beau. Il a servi, par ses dessins, crayons et autres modèles, Roland Petit comme Jean Cocteau, Jean-Louis Barrault comme Louis Jouvet. Scénographe du théâtre de la mode ou conseiller de Christian Dior ou Elsa Schiaparelli, il néglige un peu ses pinceaux malgré une bonne formation à l’académie  Ranson.

Pourtant ses portraits  plaisent par leur justesse et leur subtilité : « on se saurait imaginer un art plus profondément humain et mieux fait pour nous rassurer sur les destinées de la peinture », écrit dans Vu, en juillet 1932, Jean Gallotti.

Peintre, profondément.

La peinture était sa vie, il voulait s’y consacrer totalement, mais les circonstances l’ont amené à se disperser. Plus que les natures mortes ou les paysages, il fut un excellent portraitiste, saisissant l’expression, le mouvement, le caractère des hommes. Entre 1920 et 30, Christian Bérard va exposer dans de nombreuses galeries parisienne, chez Bonjean, Vignon, Druet..puis plus tard à New York.

 

Bérard, le théâtre, le ballet

L’artiste va parrallelement prêter ses pinceaux à divers metteurs en scène tels que Cocteau dont il imaginera les décors et costumes pour  la Voix humaine en 1930, la Machine infernale en 1934, les Monstres sacrés en 1940… Pour Louis Jouvet dans l’Ecole des femmes, en 1936, l’Illusion comique en 37, la Folle de Chaillot de Giraudoux en 1945…

Il collabore aussi avec grand succès, à la réalisation de costumes et décors de différents ballets. S’essayant également avec talent  au dessin de mode à paraître dans les revues sélects comme Vogue ou Harper’s Bazaar.
Et comme cet homme talentueux était aussi ecclectique  que fameux, il décora avec merveille les appartements d’une riche clientèle du couple Noailles à Marcel Rochas et même François Mauriac.

Et last but not least, Christian Bérard illustra des couvertures d’ouvrages comme le roman Babylone ou  Opéra de Jean Cocteau et de nombreux écrivains.
Bref, cet artiste, resté trop longtemps dans l’ombre, méritait bien cette magnifique exposition à Evian, au théâtre de la Vie.

Christian Bérard, du 5 au 22 mai 2022, au Théâtre de la Vie à Evian.

14 Déc
2021
A Fontevraud, un musée ou une conversation ?!

                Fontevraud, écrin de plus de 800 ans, en son cœur, un monument appelé Fannerie, qui héberge sur trois niveaux une exceptionnelle collection donnée par Léon et Martine Cligman. Un lieu magique ou l’intuition de Dominique Gagneux, conservateur en chef, révèle la beauté de chaque œuvre.

       « Inviter le visiteur à un voyage de sensations  avec la découverte d’œuvres de natures diverses…, rassemblées par un regard commun. » explique Dominique Gagneux, conservatrice en chef du patrimoine et directrice du musée d’Art moderne de Fontevraud.

      Car dans ce parcours muséal, dans la disposition des statuettes, tableaux et autres objets antiques ou extra-occidentaux, rien n’est au hasard, tout est pensé et voulu par la directrice, dans un souci de dialogue cohérent, de conversation presque intime entre les œuvres.

Dialogue imaginé

    Ainsi,  voit-on rapproché grâce à la sensibilité de Dominique Gagneux, un dignitaire sumérien et une peinture de Maurice Martinot, une statue japonaise et  un saint du Moyen-Age, une tête égyptienne et un portrait de Van Dongen…Et ces conversation thématiques laissent pantois d’admiration les visiteurs. Mais, la directrice ne se laisse pas enfermer, qui joue aussi des associations inédites, des conversations thématiques, des rapprochements dissociatifs  ..
Il fallait trouver une clé , elle a trouvé La Clé.

Déjà, le choix de l’endroit, une Fannerie.

       Les fondations de cette Fannerie,  située dans la cour d’honneur  de l’abbaye, datent du XIIe siècle, reconstruit à la fin du XVIII e siècle par la dernière abbesse Julie d’Antin. C’est là, à l’étage, que le foin était remisée. L’abbaye servit ensuite pendant longtemps de prison et c’est dans la Fannerie que l’on stockait le grain, puis, dès 1828, le rez de chaussée accueillit les fours de la boulangerie. La prison fermera ses portes en 1963. Douze  ans plus tard, l’abbaye devient Centre culturel de l’ouest et résidence d’artistes. En 2018, la Fannerie est officiellement décrétée lieu d’affectation de la collection Cligman.

Constituée depuis plus de soixante ans,

       


La collection recèle des peintures, dessins, sculptures des XIX e et XXe siècle et aussi des antiquités et des objets d’art extra-européens. Une collection d’un grand éclectisme, surtout figurative.

                   « Les objets de cette collection, poursuit Dominique Gagneux, trouveront leur place dans un principe d’accrochage qui autorise toutes les combinaisons : les espaces sont conçus pour que puissent se faire et se défaire conversations, dialogues, conciliabules et autres connexions. Le musée pourra accueillir toute interprétation de la collection comme une partition musicale où les variations seront multiples et révéleront des affinités électives de tous ordres ».

Musée où l’œuvre d’art est valorisée pour ses qualités intrinsèques


    « Souhaitons, termine t’elle, que ce nouveau musée puisse suggérer une relations aux œuvres souvent inconnue du public et qu’il pourra s’approprier, inciter ses visiteurs à libérer leur regard, à identifier un rapport à l’œuvre d’art très personnel, qui pourra être la démarche de tous. » .

  Bref, gageons que ce musée, original dans son approche  libre et intuitive, ouvrira les yeux des visiteurs sur une disposition à nulle autre pareille qui magnifie chacune des œuvres !

www.fontevraud.fr

8 Sep
2021
Villa du Temps Retrouvé, un endroit hors du temps à Cabourg !

       Cet été, il nous a été fort agréable de découvrir, grâce aux soins diligents d’une chère amie, un musée d’un genre très innovant, en plein Cabourg. Quand l’Art rencontre la Littérature, ils ont un tas de choses à se dire !  Cabourg respire toujours le parfum de Marcel Proust ! Même si celui-ci, souffrant d’asthme, n’en usait qu’avec parcimonie.  Coup d’oeil dans le passé : à partir de 1851, la Côte normande connait de grandes transformations.  Cabourg, petit port de pêche devient le centre d’un engouement parisien effréné : avenues tracées, aplanissement du paysage, édification de centaine de villas  de style varié tels que chaumière, maison à colombage, palais florentins, façade espagnoles, c’est loufoque et grand genre, magnifique d’imagination. On construit un casino , un palace…bref, la Belle Epoque triomphe, le Pays d’Auge n ‘en revient pas, le tout Paris se presse, entre mer et campagne, les peintres peignent, les industriels savourent les effluves marines, les cocottes minaudent… Et Marcel Proust débarque.

 Les séjours à Cabourg

  Entre 1907 et 1914, à plus de 30 ans, le grand écrivain passe l’été au Grand Hôtel.
Laissons  la parole à Gilles Martin-Chauffier : « Des séjours interminables : trois mois au moins. En octobre, quand l’établissement ferme, il faut carrément le chasser. De ses souvenirs sortiront Balbec, les jeunes-filles en fleurs, le garden-tennis, le golf, les duchesses sur la digue, les jolis chauffeurs de taxi…  Et Cabourg se glissera  dans l’Histoire par la « RNF » la plus belle porte  d’entrée de la littérature française. »

Quand la villa Bon Abri devient la villa du Temps Retrouvé

  La Ville de Cabourg, par son dynamique premier édile Tristan Duval, a voulu dédier cette superbe bâtisse à façade à parements en croisillons de brique ocre, jaune et beige,  à l’écrivain célèbre. Passée la porte de cette ravissante maison, la magie opère ; on plonge dans un bain subtil et proustien, composé de tableaux, de films, de meubles choisis…Un décor  non pas figé ou défraichi, mais rendu vivant  par ces animations originales et bien venues qui ponctuent la visite.  La circulation est libre, passionnante entre les pièces, on admire au passage une lettre de Proust, un tableau de Monet, Helleu ou Jacques-Emile Blanche, une sculpture de Rodin. Et même, en plein temps retrouvé, un smoking de Reynaldo Hahn, grand amour de Marcel Proust !

La technologie se mêle à l’histoire !

Ce musée vivant recèle bien des surprises, la technique se glissant partout dans des meubles ou des bibelots. Ainsi, déambule t’on, grâce au grand écran, pendant la Belle Epoque dans les rues, sur la plage,  devant les cafés.  Les amoureux de l’écrivain seront passionnés par les pages de manuscrits de Proust avec ratures et fouillis, numérisés sur un feuilletoir numérique qui permet d’agrandir et de déchiffrer son travail, à l’envi . Vrai pépite pour amateur !

Cette Villa, vraie machine à remonter le temps, est pensée pour varier son décor, ces 350 œuvres et objets seront renouvelés périodiquement. Une invite à venir , revenir, flaner, respirer un air du divin Marcel Proust.

Villa du Temps Retrouvé, 15 avenue Raymond Poincarré à Cabourg. Info : villadutemsretrouve.com