Culture (expo, cine, musée…)

15 Oct
2024
Tarsila do Amaral, peintre du Brésil

Née en 1886, Tarsila do Amaral, blanche issue d’un milieu aristocratique, érudite et au croisement de plusieurs cultures peint un Brésil populaire et authentique, coloré et attachant dont  le musée du Luxembourg expose les oeuvres jusqu’au 2 février.

 Cette première rétrospective en France, de l’oeuvre de Tarsila do Amaral représentée ici par 150 oeuvres, en séduira plus d’un, tant ses créations sont variées, joyeuses, teintées d’une pointe de naïveté apparente et assez visionnaires.

Evoluant entre São Paulo et Paris, cette artiste très appréciée au Brésil mais moins connue en Europe, est à l’origine d’un mouvement « anthropophagique » (1928-1929) né à Sao Paulo en 1928. Ce mouvement fait référence à la pratique indigène du cannibalisme comme « décoration de l’autre » dans le but  d’en assimiler ses qualités.

 

             

 On admirera parmi ses oeuvres, ces paysages aux couleurs vives parcourus de visions oniriques tout à fait fascinantes. La dimension politique de l’œuvre est également apparente, dans les peintures des années 1930 dont le réalisme se teinte d’une vocation sociale perceptible

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il faut se laisser saisir par ces autoportraits d’une belle pureté, ces paysages  ou le végétalse mêle à l’animal, ces portraits robustes et distanciés..Bref, une exposition à ne pas manquer qui égaiera la morosité automnale !

 Tarsila do Amaral, au musée du Luxembourg jusqu’au 2 février.

10 Sep
2024
La noblesse qui entreprend !

                   Grand spécialiste de l’élite aristocratique, Eric Mension-Rigau explore le monde de l’entreprise, hérité ou érigé, par la noblesse d’aujourd’hui. Ces hommes et femmes, se souvenant de leurs racines chevaleresques, remplacent l’épée et le mousquet, par le goût du défi, la volonté et l’intelligence adaptés aux besoins actuels, au service de leurs ambitions.

 

                       Notre talentueux ami, écrivain et professeur à La Sorbonne, rappelle utilement comment on devient noble au Moyen-Age. Par la guerre, certains hommes, issu de la paysannerie, se distinguent par leur zèle et leur courage au combat. Ceux-la reçoivent du roi, des terres d’ou ils tirent leur titre et exercent leur pouvoir. Exemptés d’impôts, ils servent leur pays par les armes, payant à certaines époques un lourd tribut comme pendant la guerre de Cent Ans. Au fils des siècles, ils transmettent leur maison forte, à leur descendant. Ceux-ci s’allient à la vieille aristocratie carolingienne pour former la noblesse d’épée . 

     Au XVII e siècle, le pouvoir royal se renforce

             l’Etat se centralise, la perte du  pouvoir féodal des grands seigneurs les oblige à prendre une position enviée à la cour, une charge militaire ou une fonction diplomatique. « La réussite financière n’est pas une raison d’être. C’est ce qui différencie historiquement le noble du bourgeois qui n’existe pas sans argent, ne nourrit aucun préjugé à l’égard des activités industrielles ou mercantiles, s’appuie sur une richesse d’origine entrepreneuriale acquise par le travail… » explique magnifiquement Eric Mension-Rigau.

            Il relève que loin de s’endormir, « la noblesse n’a jamais perdu l’esprit d’entreprise, loin d’être incompatible avec les valeurs aristocratiques…Loin d’avoir ignoré les notions de travail et de mérite, la noblesse a toujours valorisé les conduites individuelles audacieuses dès lors  qu’elles sont porteuses de succès ».

              Contournant l’obstacle de la dérogeance, les nobles éclairés au XVIII e siècle, prennent la tête des industries de pointe en créant des sociétés minières, en devenant maîtres de forges ou grands capitaines du textile, de la chimie, s’engageant dans le commerce maritime et même, précise Eric Mension-Rigau,  à la fin du règne de Louis XV, dans les manufactures et la banque…

  Aujourd’hui comment s’adapter au monde ?

C’est tout l’enjeu de cette passionnante enquête menée en profondeur, comme l’auteur l’écrit, en entomologiste attentif, descendu dans l’arène. Méticuleusement, il a interrogé, comparé, observé, écouté, confronté, se basant sur deux grandes séries de questions.  L’éthique revendiquée par la noblesse, est-elle transposable dans le monde des affaires et peut-elle  encore influencer  les décisions, les modes, les managements et les rapports sociaux.

Et comment supporter ce renflouement spectaculaire des fortunes dans certaines familles sans perdre son âme.

  Passionnante enquête

          Il faut, par la lecture de cet ouvrage fouillé et passionnant, découvrir ce monde  ou chaque individu interrogé raconte depuis son milieu, ses racines, son parcours à la tête d’une entreprise florissante dans la tech, d’une vocation politique ou de la gestion florissante de fonds d’investissement.

          Car si par son ascendance, cette  noblesse hérite d’un bagage culturel, des codes et d’une certaine aisance, elle part quelques fois de peu et mérite sa réussite par son travail et son exigence propre. Les attaques et les chausses-trapes existent et ne l’épargnent pas, leur nom seul n’est jamais gage de réussite, au contraire même parfois, suscitant jalousie et envie !

         Dans son livre, Eric Mension-Rigau use d’une très belle langue précise et joliment tournée qui sert à merveille son propos.

  L’auteur de conclure «  dans nos sociétés « liquides » ou les structures solides s’affaissent, les relations humaines sont de plus en plus flexibles…on peut espérer qu’il y aura toujours place  pour les ancrages historiques, les valeurs d’excellence, le comportement de probité, un savoir-vivre raffiné et une espérance spirituelle. ..L’économie et l’innovation technologique sont leur champs de bataille: c’est la que s’écrivent les épopées d’aujourd’hui. »

   Rester noble dans le monde des affaires, de l’utilité des anciennes élites, par Eric Mension-Rigau, Passés/Composés, 22 €

2 Avr
2024
Le Régent, un prince pour les Lumières

Que voilà un beau livre ! Déjà dans sa forme et bien sûr dans ce qu’il apporte de nouveau au sujet ! Sorti de l’ombre par la plume de l’historien Thierry Sarmant, le Régent n’a gouverné que 8 ans de 1715 à 1723, pris entre deux époques le Grand Siècle et les Lumières.

L’auteur, Thierry Sarmant, conservateur général du patrimoine aux Archives nationales, nous fait entrer avec précision dans l’histoire du régent, fils du duc d’Anjou, né sept ans après Louis XIV en 1640. Monsieur, nom du frère du roi, se marie en 1661 avec Henriette d’Angleterre, une alliance prestigieuse. Il reçoit alors l’apanage d’Orléans, soit les duchés d’Orléans, Valois, Chartres et la seigneurie de Montargis. Il change alors le titre de duc d’Anjou pour celui de duc d’Orléans et reçoit également la jouissance du Palais-Royal.
Monsieur, en dix ans de mariage, a cinq enfants, dont deux filles qui survécurent, Marie-Louise d’Orléans reine d’Espagne en 1679 et Anne-Marie d’Orléans, duchesse de Savoie en 1684.

Bientôt, Henriette, duchesse d’Orléans, meurt à 26 ans, brusquement, sans doute d’une péritonite.
Malgré ses préférences sensuelles (plus attiré par les hommes) le roi Louis XIV et ses ministres lui organisent un second mariage à visée politique avec une jeune-fille âgée de 19 ans Elisabeth-Charlotte du Rhin ou de Bavière, fille de l’électeur Palatin. Appelée Madame Palatine, elle était aussi différente que possible de son mari : aimant la chasse qu’il détestait, aussi masculine qu’il était féminin, toujours protestante dans le fond de son coeur quand il était catholique.

Et vint le futur Régent

Monsieur eut trois enfants avec la Palatine, le premier mort à trois ans, un an après Philippe, titré duc de Chartres, futur Régent, puis une fille, prénommée Elisabeth-Charlotte.

A l’âge de 17 ans, le duc de Chartres participe à sa première campagne en 1691 où il tient honorablement son rang sur le champs de bataille . Il se distingua par sa générosité et sa bienveillance avec autrui. Louis XIV souhaita marier son neveu avec une de ses filles légitimées, Mademoiselle de Blois fille de Madame de Montespan, malgré l’opposition de la Palatine, outrée de cette union avec une batarde. Ce mariage, qui ne fut pas heureux, donna huit enfants entre 1692 et 1716.

Peu à peu, le duc de Chartres s’intéresse aux sciences occultes, à la chimie comme à l’alchimie. Il s’adonne au libertinage, affichant ses désordres. Le duc de Chartres perd son père en 1701, devenant ainsi duc d’Orléans avec tous les avantages afférant.

1715, le Régent

A la mort de son beau-père et oncle en septembre 1715, le duc d’Orléans devient Régent. Il ne chercha pas à prendre la place du futur Louis XV son cousin dont il se considérait comme son mentor. A partir de l’automne 1719, le Régent ne cessa jamais de lui témoigner les égards dus à son souverain, relate abondamment Thiery Sarmant… Mais, nous vous laissons désormais découvrir son récit fort documenté, sur la vie du Régent au côté du futur Louis XV puis sa mort en 1723.

Le Régent, un prince pour les Lumières, Perrin Bibliothéque Nationale de France, 25 €