4 Avr
2014
Tête à tête avec Yves Gagneux, directeur de la maison Balzac

Depuis presque 15 ans, Yves Gagneux, brillant conservateur à la tête de la maison Balzac,  n’a de cesse de faire découvrir,  lire,  aimer Honoré de Balzac. Pour lui, un modèle pour notre temps.

Votre Joie ?

« Plusieurs sortes de joie m’habitent ici dans cette maison toute imprégnée de Balzac,  travailleur infatigable et si fin observateur de l’humanité  que ces livres sont des histoires de vie qui respirent la réalité.
Parmi l’équipe de collaborateurs  règne une très bonne ambiance, un climat de confiance mutuelle qui permet un travail efficace, en harmonie, chacun donnant le meilleur de lui-même, sous mon impulsion.
Par ailleurs, ma joie est d’être efficace la où je suis: oui, Honoré de Balzac est indispensable, ses livres sont fondamentaux dans leur message, leur exemplarité ! Ma jubilation : faire évoluer le sens de l’œuvre, dans le musée, d’une biographie utile mais linéaire et l’historicité de l’écrivain vers son message et son universalité. Comment en 2014, un écrivain fameux du XIX e siècle peut-il nous parler, que peut-il nous apporter, à nous lecteurs aujourd’hui ? C’est le message que j’essaye de faire passer au prés du public et au prés d’une association comme « cpossible » des jeunes  de 17, 18 ans en difficultés qui ignorent  tout de Balzac. Car, Balzac connaissait mieux que personnes tous les marqueurs sociaux, comment s’habiller, se tenir, les codes qui régissent les rapports humains, qui font qu’on est reconnu, reçu, épousé ou pas ! Regardez Lucien de Rubempré, ou Eugéne de Rastignac, ils arriveront par leur intelligence et leurs manières,  sans oublier les femmes, bien sûr  !

maison balzac 2
Vos projets ?

Préparer d’autres expositions, à l’image de celle réalisée il y a 3 ans à Taiwan, avec 300 œuvres apportées de France ; nous avons dépassées les 120 000 visiteurs, en toute modestie, faisant mieux que l’exposition sur Gauguin ! Balzac était devenu Taiwannais, la gloire pour nous. Même un chauffeur de taxi avant lu un roman, vous imaginez ! Nous avons quelques projets dans ce sens, une exposition notamment à propos de la gourmandise au XIX e siècle, entre Flaubert, Stendhal, Balzac…Balzac

Savoir-Vivre sur le vif ?

Un souvenir cuisant vécu quand j’avais 20 ans. Etudiant en histoire de l’Art, j’avais rendez-vous dans un restaurant avec une dame, distinguée professeur de Muséologie. Et plongée dans un ouvrage passionnant, j’ai complètement oublié l’heure,  mangeant  mon sandwich, machinalement. Quand brutalement, le rendez-vous m’est revenu à la mémoire, il était 14h30 passé, la dame n’avait pas attendu, évidemment…J’étais rouge de honte. Ne savant pas trop comment réparé cet affront, un ami versé dans les bonnes manières m’a conseillé d’envoyer des fleurs avec un petit mot. Ce que je fis.

Autre chose, parfois invitant divers interlocuteurs  à déjeuner, ils me précisent eux, ne pas boire de vin. Pourquoi pas, mais plutôt que de faire la leçon  à ceux qui apprécient le vin, je leur conseille de se laisser servir du divin breuvage, tremper leur lèvre sans boire et ne pas parler de leur abstinence. Le savoir-vivre, ce n’est pas se singulariser en « culpabilisant » autrui ».

maison Balzac

Rendez-vous pour les séances de contes à la Maison de Balzac :
la canne d’Honoré le mercredi 7 mai à 14h

la canne d'Honoré de Balzac