30 Mar
2023
Le Temps du Rêve ou l’art aborigène

Découverte formidable d’une galerie d’art, peintures et objets arrivés d’Australie créée par un passionné Stéphane Jacob. Vraie fascination pour ces créations colorées aux multiples entrées qui interpellent et ravissent tout à la fois.. Et en même temps, tout cela est très mystérieux, chacun y trouvant ce qu’il cherche …

Vraiment un art qui mérite d’être connu !     


        Parole d’expert :  » L’art aborigène contemporain puise son inspiration dans le souvenir touj  ours vivant de la création de l’Australie qu’on appelle le « Temps du Rêve » – ensemble de mythes partagés malgré une grande diversité culturelle (avant la colonisation, il y avait environ 250 groupes linguistiques aborigènes et près de 600 dialectes) par tous les Aborigènes et évoquant l’apparition de Grands Ancêtres (« Esprits-éclairs », demi-dieux, animaux, voire plantes) sortis du magma originel pour façonner le continent à leur image, donner naissance aux tribus, instaurer lois et coutumes sociales et religieuses.

Sur le point de disparaître, les grands ancêtres ont laissé aux différents clans le souvenir de leur rôle dans la Création de l’Australie : charge à elles de le célébrer et de le ressusciter lors de cérémonies rituelles.

Depuis des temps immémoriaux, a l’occasion des cérémonies célébrant le Temps du Rêve, les Aborigènes du Grand Désert Central et du Kimberley recouvraient le sol de pointillés réalisés avec des pigments naturels (craie, argile, charbon de bois, ocres) et disposés à l’aide d’un bâtonnet. C’est cette pratique qui est à l’origine de la peinture aborigène contemporaine – souvent qualifiée de pointilliste -née dans les années 1970 à l’instigation de certains Occidentaux, tel Geoffrey Bardon, instituteur anglo-saxon à Papunya qui suggéra à ses élèves de reproduire les motifs principaux des peintures sur sol réalisées en l’honneur du Temps du Rêve : d’abord sur les murs de leur école, puis sur du contre-plaqué, enfin sur toile. Diffusées, les oeuvres ainsi réalisées rencontrèrent un vif succès et donnèrent l’idée aux Aborigènes de constituer des coopératives pour commercialiser leurs toiles. Guidés par les responsables artistiques de ces coopératives de véritables talents originaux se sont révélés. C’est ainsi que des peintres comme Rover Thomas, Jack Kala Kala ou encore Emily Kame Kngwarreye ont acquis une réputation mondiale et représenté l’Australie dans de prestigieuses expositions internationales, à Paris, Venise, Londres ou New-York.

Les pictogrammes

Les aborigènes peignent par le biais de pictogrammes. En voici quelques exemples : 

Observons cette œuvre de Morris Gibson Tjapaltjarri (Untitled, 2011).

On retrouve ici les symboles traditionnels utilisés dans l’art aborigène. Les cercles concentriques font références aux trous d’eau, lieu nécessaire à la vie dans le désert, mais aussi un lieu cérémoniel.

Les traits partant des trous d’eaux correspondent aux chemins les reliant.  Les grandes ondulations noires représentent les serpents ancestraux qui en traversant le territoire ont créé des rivières et des ruisseaux.

 

 

Des nouveaux médiums

L’art aborigène traditionnellement utilise des pigments naturels qu’ils confectionnent eux-mêmes. Ils ont commencé depuis plusieurs décennies à utiliser l’acrylique qui est moins fragile que les pigments.

De différentes collaborations sont nées des nouvelles manières de travailler et de nouveaux médiums. Par exemple, les ghostnets, fait en filets de pêche récupérés sur la plage, ou encore les céramiques.  »

      Un immense merci pour cette découverte d’un art qui m’était jusqu’alors bien étranger ! Et quelle découverte ! Courrez vite dans cette galerie ,

Galerie Arts d’Australie Stéphane Jacob, 13 rue Chapon 75003 , tel : 01 46 22 23 20, www.artsdaustralie.com, sj@artsdaustralie.com

 

 

 

21 Mar
2023
Vin d’Alsace, vive le pinot noir !

                           Des vins francs, purs, complexes, équilibrés c’est le but de la cave de Ribeauvillé qui nous invite à découvrir un pinot noir à robe sombre, complexe et long en bouche.

         Remettons-nous dans le contexte de la fin du XIX e siècle. Une grave crise secoue le monde viticole en Alsace. En 1895, 44 vignerons décident de s’associer pour mutualiser leur force et s’en sortir par le haut. Ils créaient donc la première cave cooperative, la Cave de Ribeauvillé. Elle compte aujourd’hui 246 hectares de vignes en coteaux, pour 41 vignerons, dont la plupart sont issue des familles d’origine, une histoire de famille depuis cinq générations. Pour l’instant 30% soit 70 hectares sont en agriculture biologique.

Situé sur un champ de failles de Ribeauvillé directement exposé au soleil,

         le sous-sol bénéficie d’une belle richesse en schistes gréseux et marnes, arènes granitiques, sédiments argilo-calcaires ce qui contribue grandement à la structure des vins. L’ensemble des vignes est situé dans les aires de production AOC Alsace, AOC Crémant d’Alsace et AOC Grands Crus.

Huit Grands Crus

          La Cave de Ribeauvillé possède un portefeuille de huit Grands Crus, de nombreux lieux-dits et villages. La volonté des vignerons est d’édifier des vins au plus prés du terroir pour en assurer la meilleure expression avec des rendements et des sélections parcellaires très contrôlés.

Pinot noir Kugelberg de Rorschwihr millésime 2020

        Une réussite pour les pinot noirs, ramassés à maturité parfaite et manuellement  ! Ce millésime favorise des cuvées concentrées, charpentées, à couleur rouge sombre, à palais soyeux, bref des vins solaires, long en bouche.

A déguster une fois carafé

        Pour en goûter toutes les saveurs, servez ce vin carafé une heure avant le repas, ce pinot noir à nez complexe, aux notes de vanille et de bois, se déguste  entre 12 et 14°C avec un gigot saignant, des aiguillettes de bœuf, un faisan cuisiné…

A conserver 10 ans au moins !

Pinot noir Kugelberg de Roschwihr 2020, cave de Ribeauvillé, 27,80 €.

9 Mar
2023
Nos rois de France

       Franck Ferrand, bien connu des auditeurs de Radio Classique, nous livre ici la vie et l’oeuvre de quatorze rois de France, de Louis VII à Louis XVI, dernier roi de France. Ce sont quatorze portraits, joliment écrit, de chair et de sang qui donnent une vision très humaine de nos rois. Ils ont aimé, pleuré, régné, prié pour le pays, leur règne, indélébile, a façonné la France.

        Outre Franck Ferrand, Pierre-Louis Lensel historien et Anne-Louise Sautreuil journaliste ont apporté leurs brillantes connaissances pour dresser quelques portraits de rois bien étudiés. Franck Ferrand salue ces souverains de France : « Ce sont eux, les rois de France, écrit-il, qui auront pour finir contenu la noblesse, surveillé le clergé, promu la bourgeoisie, défendu la paysannerie et, d’une façon générale, constitué les Français en un corps plus ou moins cohérent, plus ou moins harmonieux. »

  Eclairage nuancé et argumenté

        A la lecture de ces chapitres, est-on subjugué par les rebondissements, les chausse-trapes, l’inattendu qui parcourent les règnes. Ainsi, Philippe II Auguste, perdu dans une forêt au cours d’une partie de chasse, en tire t’il  un accès d’angoisse qui le marquera quelques temps. Mais après une vie riche, dense, marqué de combats et de belles réussites, Philippe II Auguste aura agrandi amplement le domaine royal, modernisé Paris en la protégeant d’une grande enceinte, accru considérablement ses ressources.

      Chaque chapitre est enjolivé de magnifiques portraits du roi présenté, des monnaies royales représentées, des miniatures… la qualité iconographique des œuvres le dispute à la fluidité du verbe, au style précis et parfois fleuri pour mieux cerner nos souverains.

         Entre Louis XII, très présent en Milanais, un peu oublié aujourd’hui, François Ier, certes vainqueur de Marignan, bâtisseur de Chambord   mais pour finir selon le mot de son propre père Louis XII « Ce gros garçon gâtera tout ». Et  Pierre-Louis Roederer (1754-1835) homme politique et historien, d’enfoncer le clou : « François Ier ne fut en effet, pour l’esprit et pour la conduite, qu’un gros garçon épais, borné, vain et présomptueux. Et pour ses ennemis, pour le pape Léon X, pour l’empereur Charles Quint, un très petit garçon et, pour la France, disons-le tout net, ce fut un mauvais roi. »

Louis XIV sous les traits d’un portrait découvert

                                                     Copyright Bruno Klein

         Par le biais d’un tableau découvert dans une salle des ventes, Franck Ferrand nous emmène par la main à la découverte originale du « Roi Soleil »  souvent ainsi qualifié et dont on peut dire pourtant : « Nul monarque, hormis son aïeul Henri  IV, ne fut d’un abord plus aimable, d’une conversation  plus charmante avec cette politesse jamais prise en défaut… ». Ainsi fait-il  une enquête dense et serrée à la recherche des origines du tableau pour tenter de dévoiler ce qui peut, encore, ce cacher chez Louis le Quatorziéme. Le regard du roi, l’expression de ses yeux, sa majesté, son allure, son physique qui aide à sa royauté …et aussi ses lâchetés, ses zones d’ombre. Précisant bien comme le métier d’historien est difficile qui s’appuie sur des documents vrais et aussi des récits parfois embellis, contournés..

       Citons pour finir Franck Ferrand « la mémoire des peuples est souvent oublieuse, injuste, tendancieuse; et voilà pourquoi en France, le souvenir d’un Henri IV se trouve fort embelli, celui d’un Louis XV trop noirci… » Et de méditer donc devant  son portrait-vérité.

          Un livre magnifique et indispensable pour comprendre et aimer l’Ancien-Régime porté par nos suzerains.

Nos Rois de France, de Franck Ferrand avec Pierre-Louis Lensel et Anne-Louise  Sautreuil, Perrin, crédit photo  Bruno Klein, 27€